29 AOÛT - BD Belgique

Photo SERGIO SALMA/CASTERMAN

De Sergio Salma, on connaît les séries jeunesse Mademoiselle Louise, Jojo (Dupuis, avec André Geerts) et surtout Nathalie (Casterman), ou encore la pochade Animal lecteur (Dupuis). Mais, s'inspirant de son enfance à Fontaine-l'Evêque, près de Charleroi, l'auteur belge d'origine italienne a réalisé dès 1989 dans le magazine (A suivre) des histoires courtes plus personnelles sur la vie d'un fils d'immigré. Quelques pages dans Tintin reporter ont aussi donné alors un avant-goût de ce Marcinelle 1956, fiction aux fondements historiques qui s'impose aujourd'hui comme son ouvrage le plus ambitieux.

S'accrochant à la figure d'un mineur italien atypique par sa volonté de rompre avec la nostalgie du pays pour se projeter dans un avenir en Belgique, Sergio Salma poursuit un projet triple. Il ravive le souvenir du plus grave accident qu'ait connu le bassin houiller wallon (262 morts) avec l'incendie, le 8 août 1956 à Marcinelle, de la mine du bois du Cazier, la plus importante de Belgique, fermée en 1967 et tout juste inscrite, le 1er juillet, avec trois autres, au patrimoine mondial de l'Unesco. Surtout, il fait revivre le travail harassant, répétitif et dangereux des mineurs, et plus encore la vie de ces immigrés recrutés après-guerre dans les campagnes misérables de la péninsule italienne pour relancer la machine économique belge.

La plupart ne rêvent que de retrouver le soleil du pays. Pietro Bellofiore, lui, entend tourner la page, allant jusqu'à frayer, dans l'hostilité de sa communauté, avec une jeune Wallone. Pointant par son découpage et ses dessins souvent muets la pesanteur des habitudes, Sergio Salma livre la chronique sensible d'un déchirement entre un pays qui n'a plus voulu de ses travailleurs, et un autre qui ne se donne pas aisément.

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