Les gérants de L’Ecume des jours racontent que leur voisinage était de plus en plus anglophone, et avait tendance à acheter leurs livres dans la librairie de l'éditeur Drawn and Quarterly, située une rue plus au nord de leur librairie. La directrice générale de l’ALQ, Katherine Fafard, ne croit pas à la concurrence des livres numériques, qui ne comptent "que pour 2% des ventes."
Elle décrit une situation généralisée. Ainsi, dans une autre librairie, Carcajou, dans la ville de Rosemère, à 30 kilomètres au nord de Montréal, l’association a fait entrer "6 000 titres en anglais en raison de la demande."
Pour le moment, il ne s’agit que d’une tendance perçue par les libraires. Car cette hausse ne peut pas être chiffrée : l'Observatoire de la culture et des communications du Québec ne comptabilise pas les ventes de livres en anglais. Pour Katherine Fafard, avoir accès à ces chiffres est primordial pour "que les éditeurs, les distributeurs et les libraires se rendent tous compte que ce type de demande augmente."
Avant la «crise du livre» de 2007, l'Institut de la statistique du Québec (ISQ) avait estimé à 10,5% la part des livres québécois distribués en anglais.
Démographiquement, cela peut s'expliquer par une immigration toujours très forte dans la Belle province (149 000 nouveaux québécois entre 2001 et 2006). Durant cette période, la population francophone de la ville de Montréal a baissé de 8,3 à 65,7% alors que la population allophone (langue maternelle ni francophone ni anglophone) augmentait de 19 à 21,8%de.
La dernière librairie francophone de Toronto, la Maison de la presse, vient de fermer ses portes le 21 juillet. Dans la ville, la population francophone est passée de 110 000 en 2006 à environ 125 000 en 2011.