Nous sommes le seul pays d'Europe où une chaîne généraliste programme une émission pluriculturelle très tôt dans la soirée », se félicite Arnaud Ngatcha, directeur de l'unité de programmes des magazines culturels de France 2 depuis janvier dernier. Certes, depuis la rentrée, ce dernier garde l'oeil rivé sur l'audimat d'"Avant-premières", la nouvelle émission d'Elizabeth Tchoungui, dont le sort reste en suspens depuis son triste score, largement pointé par la presse, de 220 000 téléspectateurs le 28 septembre, lors d'une rencontre avec Jean d'Ormesson et Alain Finkielkraut. Semaine après semaine, Arnaud Ngatcha, coincé entre l'obligation du cahier des charges de la télévision publique de programmer une émission culturelle quotidienne et le constat que la littérature n'est pas recevable à n'importe quelle heure et par n'importe quel public, s'applique avec la productrice Rachel Kahn à prendre des mesures pour sauver le magazine. "A l'heure où nous sommes diffusés, nous sommes obligés de faire un plateau à plusieurs entrées, explique cette dernière, avec une première partie désormais plus mixée et plus grand public et une deuxième consacrée aux idées, où sont programmés essais et romans. »
Le remède est efficace : 470 000 téléspectateurs ont regardé l'émission du 26 octobre, soit une nouvelle hausse par rapport à la semaine précédente (410 000 le 19). Il reste que l'exposition de la grande émission culturelle de la chaîne, déplacée de la case historique du vendredi à celle du mercredi à 22 h 20, est largement mise en cause par la productrice : "La quasi-totalité de l'émission se retrouve face au Mentalist avec trois épisodes diffusés en prime sur TF1. La chaîne va aménager une exposition moins dangereuse", espère-t-elle, confiante quant à son maintien au moins jusqu'en janvier. Rachel Kahn ne devrait pas avoir trop de mal à convaincre Arnaud Ngatcha, son collaborateur pendant qu'elle dirigeait la jeunesse pour France 2, qu'elle nomma par la suite rédacteur en chef adjoint du magazine "Culture et dépendances" de Franz-Olivier Giesbert. Reste à confirmer une nouvelle programmation, sans doute aux dépens de la littérature. D'ores et déjà, l'éditeur Charles Dantzig, débordé, a quitté le navire, et le recrutement d'un nouveau chroniqueur est en cours.