Jim Hilt, vice-président chargé de toute l’activité livre numérique chez Barnes & Noble, a rempli sa demande de visa pour le Luxembourg. Jusqu’alors basé à New York, il viendra assurer sur place la direction générale de Barnes & Noble SARL, la filiale européenne de la chaîne américaine de librairies, dédiée au développement à l’étranger de Nook, la branche numérique du groupe. Elle avait été confiée à Patrick Rouvillois, un ex-cadre de Carrefour, qui l’a quittée à la veille de l’été, sans commentaire de part et d’autre. « Nous maintenons le plan de développement que nous avons annoncé, et qui prévoit l’implantation de Nook dans dix pays d’ici à la fin de notre exercice annuel, fixé en avril chez Barnes », déclare Jim Hilt. Cet investissement irrite pourtant les actionnaires de la chaîne, en raison du déficit qu’il a entraîné jusqu’à présent.

Le futur Luxembourgeois ne souhaite pas préciser si la France fera partie de ces dix pays, mais indique que les éditeurs-distributeurs français ont été démarchés. « Nous avons signé un accord avant l’été, confirme Xavier Cazin, gérant de la plateforme Immatériel, distributeur de 6 000 livres numériques, mais rien ne nous a été précisé quant à la date de lancement. » Eric Marbeau, responsable de la diffusion numérique chez Gallimard, en est encore au stade des négociations.

Nook doit signer avec tous les groupes importants avant de programmer son ouverture : le dernier arrivé sur le marché ne peut se permettre de présenter un catalogue plus pauvre que celui de ses principaux concurrents déjà installés - Amazon, Apple, Kobo-Fnac. Il souhaite aussi avoir les droits de revente les plus larges possibles. « Il y a un fort potentiel pour les livres en français aux Etats-Unis et au Canada », insiste Jim Hilt. Les discussions sont confiées à Raquel Carvalho, chargée des contenus numériques pour l’international, qui avait fait une première reconnaissance au Salon du livre de Paris. Le libraire prend la peine d’adresser aux éditeurs qu’il contacte un exemplaire de sa liseuse, « de très bonne qualité » selon ceux qui l’ont eu en main.

Microsoft, coactionnaire de Nook, devrait aussi être un partenaire important dans l’organisation de la distribution de l’appareil, indique Jim Hilt, qui insiste sur la « vraie culture du marché du livre » qui différencie Barnes de ses concurrents. Hervé Hugueny