BD : un lectorat hétérogène

(c) Olivier Dion

BD : un lectorat hétérogène

Présentée samedi 17 mars au Salon du livre, l'enquête TMO Régions pour la BPI et le ministère de la Culture n'a pas fait ressortir un profil type du lecteur de bande dessinée.

Par Julie Rocha-Soares
avec jrs Créé le 15.04.2015 à 22h43

Article remis à jour le 21 mars 2012

Première du genre en France, l'enquête sur “le lectorat de bande dessinée” réalisée par la société TMP régions pour le compte de la BPI du centre Pompidou et le département des études, de la prospective et des statistiques du ministère de la Culture et de la Communication a été rendue publique samedi 17 mars au Salon du livre de Paris.

L'enquête menée sous la direction de Jacques Bonneau et Vincent Guillaudeux sur la période mai-juillet 2011 auprès d'un échantillon de 5 000 personnes de 11 ans et plus (pour les moins de 11 ans, les parents ont été interrogés) s'est notamment intéressée à l'image de la BD auprès du grand public, au profil des lecteurs et des non lecteurs, aux genres lus, aux critères de choix ou encore aux conditions d'accès aux BD.

Près d'un Français sur deux interrogés possède au moins un album de BD chez lui. 92 % lit pour s'amuser ou se divertir et 78 % considère la BD comme un genre à part entière. Cependant, les analyses statistiques poussées n'ont pas fait apparaître de profils de lecteurs exclusifs de certains genres spécifiques, sinon de manière tout à fait marginale, a indiqué Jacques Bonneau.

Pour 58 % des sondés en tout cas, la BD n'est plus tellement associée au public jeune. 29 % disent avoir lu au moins une BD dans les douze derniers mois, dont 37 % figurent dans la tranche 7-10 ans alors que 40 % ont plus de 30 ans. 47 % ont déjà lu des BD il y a un an ou plus. Un quart n'a jamais lu de BD.

Le lectorat reste majoritairement masculin (38 % des hommes ont lu des BD, contre 21 % des femmes), issu de milieus favorisés et diplômés, avec un nombre moyen annuel de 25 albums lus qui se répartissent en 5 familles : les traditionnelles franco-belges, avec un taux de pénétration à l'échelle de la population française de 27 % ; les comics (16 %) ; les journaux d'humour (15 %) ; les mangas et BD asiatiques (12 %) ; et les romans graphiques ou alternatifs (6 %). “Les personnes ne sont pas monotype ; il y a interpénétration des genres”, souligne Jacques Bonneau.

Le genre des romans graphiques, qui représente 400 publications annuelles, connaît un succès particulier chez les femmes de 25-29 ans. Il constitue la seule catégorie de bandes dessinées pour laquelle le nombre de lectrices est supérieur à celui des lecteurs, en raison notamment de la place qu'y occupe l'intime.

Si 49 % des personnes interrogées disent posséder au moins un album imprimé, 59 % en a acheté, 45 % emprunté à une personne extérieure et 35 % à la bibliothèque. 32% en ont lu sur place dans une bibliothèque. 14% des lecteurs choisissent le format numérique.

Les choix de lecture sont motivés par l'histoire (66 %), le dessin (59 %), le personnage (35 %), le fait de poursuivre une série (15 %) et le nom de l'auteur (12 %). 85 % des lecteurs sondés disent choisir “seuls” leurs BD contre 8% “sur conseil d'un libraire”.

En terme de culture BD, les personnages les plus connus au sein d'une liste fermée cherchant à contourner la notoriété dérivée de l'audiovisuel et des autres produits dérivés (d'où l'absence de Tintin ou Astérix) sont Les pieds nickelés (74 %), suivis par Blake et Mortimer (72 %), Rahan à égalité avec Corto Maltese (51 %), Naruto (41 %), Blueberry (33 %), Agrippine (30 %), Lanfeust (14 %) et L'Incal (6 %).

L'étude pointe un nombre très important d'anciens lecteurs de 18-60 ans, et un fort niveau d'abandon chez les 12-26 ans, les femmes étant “deux fois plus déserteuses que les hommes”, d'après Gilles Ciment, directeur de la Cité internationale de la BD et de l'image (CIBDI), convié à commenter les résultats.

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L'étude téléchargeable sur le site du MCC
15.04 2015

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