Dans Théorème, Piotr Pavlenski explique sa démarche, revient sur son parcours, son couple avec Alexandra de Taddeo, sa famille, sa formation dans les écoles d’art de Moscou, les précédents artistiques qui l’ont intéressé et dénonce "des hypocrisies contemporaines" autour de l’art et des jeux de pouvoir. Il souhaite distinguer "l’art décoratif, l’art qui parle de politique, et enfin l’art politique, qui selon lui "est un art visuel"". "Ce que, pour ma part, je conçois comme le but du seul art qui m’intéresse est de rendre visible la mécanique du pouvoir. Mon objet est de la révéler, comme l’a fait l’art depuis le début de son histoire" complète-il.
De "Suture" à l'Affaire Griveaux
C'est ainsi qu'il revient sur chacun de ces "Evènements" en remontant aux origines, lorsqu'il a cousu ses lèvres en soutien aux Pussy Riot en 2012, qui sur le moment "n'était qu'une pure réaction d'indignation" avant de devenir "une réponse à l'oppression et à tout le système". il revient aussi sur l'action Fixation, au cours de laquelle il a cloué son scrotum au pavé de la Place Rouge un jour de fête nationale en 2013, et sur sa relation avec Juan Branco, qui avait dans un premier temps renoncé à défendre Piotr Pavlenski à la demande du bâtonnier de Paris, en raison de "l'absence de distance entre sa mission d'avocat et l'action reprochée à son client" .
Dans l'entrée "Expert-Psychiatrie", il aborde l'affaire Griveaux, qui a éclaté en février 2020. La mise en ligne de vidéos intimes, acte que que Piotr Pavlenski qualifie de "pornopolitique", avait mené au retrait du député macroniste Benjamin Griveaux de la campagne municipale parisienne. "Cet homme ne serait-il pas l’hypocrite qui fait l’apologie de la famille mais un homme à la sexualité déviante et aux personnalités multiples..." explique Piotr Pavlenski, qui réclame une justice "équitable" dans Théorème.
Piotr Pavlenski n'oublie pas de consacrer un chapitre de son livre à la "France", pays auquel il a demandé le statut de réfugié politique en 2017. Il s'étonne au cours de chapitre de la qualification de "dictature" pour parler de l'Hexagone ("Vous, en France, n'avez jamais eu de Staline"), évoque les mesures "antisociales" d'Emmanuel Macron et regrette le mouvement des Gilets jaunes. "Je pense qu’une grande partie du problème français provient de l’intégration des artistes, la collaboration remplaçant la confrontation. Cette situation de collaboration induit inévitablement la disparition de la création" écrit-il.
Pour Mariel Primois Bizot, qui a recueilli ses confessions, "l’art de Piotr Pavlenski est total et sa pensée tranchante. Une pensée qui est une unité, une lame de rasoir impossible à tenir. Une lame de rasoir qui est sa parole, ses silences et son Art politique – qui est peut-être aussi la lame avec laquelle il a tracé lui-même sa ligne de chance, par un long sillon au creux de sa main".