Depuis le 22 mars, RTL a modifié certaines de ses émissions pour s’adapter au confinement des auditeurs, à l’actualité liée à la pandémie du Covid-19 et à la fabrication à distance des programmes pour cause de télétravail.
Bernard Lehut, le monsieur Livre de la station (première radio privée de France, avec 6,56 millions d’auditeurs quotidiens selon les chiffres de Médiamétrie communiqués aujourd’hui pour la période janvier-mars), a ainsi transformé "Les livres ont la Parole", son émission dominicale dans la tranche de Stéphane Carpentier, comme ses sujets dans "Laissez-vous tenter", programme culturel de la matinale d’Yves Calvi en semaine.
"J’ai réfléchi comment reformater "Les livres ont la parole", comment s’adapter à l’absence des librairies", explique-t-il à Livres Hebdo. "Le mot clé, c’est l’évasion, échapper à la réclusion. Le livre, la lecture sont l’évasion la plus accessible, la plus universelle, dans le temps et dans l’espace".
Bibliothèque idéale
Avec une subjectivité totalement assumée, il choisit ainsi dans sa bibliothèque un classique à (re)découvrir. Ce dimanche, il évoquera le parfait confiné, Le Comte de Monte-Cristo, d’Alexandre Dumas, après avoir partagé La Gloire de mon père, de Marcel Pagnol, Le lion, de Joseph Kessel et Le docteur Jivago, de Boris Pasternak. Il est encouragé par les réactions des auditeurs, très en demande de classiques.
"On échappe à la nouveauté", rappelle Bernard Lehut, "du coup on a le temps pour replonger dans les classiques ou combler des lacunes, comme je le fais actuellement en lisant le formidable livre d’Albert Camus, Le premier homme".
"Les livres ont la parole" s’agrémente d’une rediffusion de son émission estivale, "Chemins d’écrivains" : Isabelle Carré à Saint-Jean-de-Luz, Jean Teulé à Lascaux, Katherine Pancol à Fécamp se sont succédés. Et pour le dimanche pascal, Frédéric Lenoir nous emmènera aux pieds de l’archange du Mont-Saint-Michel.
Les 80 ans de Le Clézio
"Je termine l’émission avec une citation liée à cette période si particulière. La littérature est riche pour nous aider à vivre le présent, pour enjoliver notre existence, ou prendre du recul", affirme le journaliste, mettant ainsi en lumière des phrases d’Albert Camus, Blaise Pascal, Jean Giono ou Montaigne.
Après une programmation bousculée par l’actualité sanitaire, "Laissez-vous tenter" est redevenu un rendez-vous régulier depuis une semaine. "Les livres sont encore disponibles, dans les hypermarchés, en vente par correspondance, sur les sites de ventes en ligne, dans les maisons de la presse, en format numérique", rappelle Bernard Lehut. "Il y a des livres parus en mars que je n’avais pas éclusés, comme ceux de Colombe Schneck ou de J. M. G. Le Clézio [Chanson d'automne suivi de L'enfant et la guerre]. Je l’avais rencontré chez Gallimard juste avant le confinement. Au total, j’ai une demi-heure d’entretien avec lui, que nous mettrons intégralement en ligne sur le site Rtl.fr à l’occasion de ses 80 ans, lundi 13 avril", révèle-t-il.
A défaut d’invités dans le studio, il appelle les auteurs pour des conseils de lecture. Jean-Christophe Ruffin a ainsi recommandé Le hussard sur le toit et Joël Dicker le polar de Niklas Natt och Dag, 1793 (Sonatine).
Printemps en suspens
Pour la suite, Bernard Lehut est dans un calendrier incertain. Le Grand prix RTL-Lire, traditionnellement remis à Livre Paris, n’a toujours pas été décerné. Il précise : "On a été stoppé dans notre élan. On devait l’annoncer le 19 mars. On a été confinés deux jours avant. Tout était prêt : le bandeau pour les couvertures, de nouveaux tirages de l’éditeur… On a tout gelé et on l’annoncera en temps en heures, dans l’intimité, pendant 'Laissez-vous tenter'".
Concernant "Chemins d’écrivains", son programme d’été, habituellement tourné entre avril et juin, il estime qu’il est trop tôt pour savoir s’il sera à l’antenne en juillet et août. "Est-ce qu’on aura le temps de bloquer des invités et des dates ? J’ai déjà fait ma liste, mais tout dépendra de la date de déconfinement."