Une bonne foire, et ça repart ! Celle de Francfort a dopé le monde de l'édition internationale. Malgré la crise économique et financière, elle s'est déroulée dans un climat de sérénité qui tranchait avec l'inquiétude perceptible lors de ses deux précédentes éditions et a redonné le moral aux professionnels français. Philippe Robinet, responsable de Oh ! éditions, la qualifie même de "post-traumatique ». De fait, on n'était pas loin de l'euphorie du côté des Français. Et cela pour trois raisons.
D'abord parce qu'ils ont constaté que les livres numériques n'avaient pas tué le papier, même chez les Américains, bien représentés cette année à la foire. Ensuite parce qu'ils se sont rendu compte qu'ils sont loin d'être en retard concernant les livres enrichis et les applications pour iPad. Ils se sont même taillé un beau succès en montrant à leurs confrères des prototypes, notamment dans le domaine de la jeunesse. Enfin, parce que les éditeurs assument désormais clairement leur rôle de fournisseurs de contenus, pour quelque support que ce soit.
Pour produire des ebooks ou des applications, encore faut-il imaginer les contenus adéquats. "Plus que jamais, il faut investir dans la création", nous a ainsi confié le P-DG d'Editis, Alain Kouck, en annonçant ses accords avec Apple et Amazon. Dans les allées de la foire, les éditeurs, décomplexés, ont cherché des livres excitants à traduire, tenté de sentir les tendances, piqué quelques bonnes idées à leurs confrères étrangers... Le coeur du métier depuis des siècles.
Cette foire a également été un bon poste d'observation sur l'évolution des beaux livres. Comment peut-on encore faire un livre d'images à l'heure d'Internet ? Avec quelles spécificités, sur quels supports, avec quelle valeur ajoutée ?
Quels que soient leurs secteurs, les éditeurs affichaient la même préoccupation : "Faire des livres imprimés encore plus beaux et meilleurs. » Une formule lancée par Arnaud Nourry, P-DG d'Hachette Livre, pendant notre débat autour du « Classement Livres Hebdo de l'édition mondiale ». Elle traduit un état d'esprit général qui a permis au directeur de la foire, Jürgen Boss, de parler de « redémarrage » et de « renouveau ».
