Le premier roman de Sylvia Hansel est tout entier porté par la voix de son héroïne, Camille, dont l’adolescence à été le Vietnam. C’est du moins ce qu’affirme Tristan Garcia dans une préface où il vante les mérites d’une "histoire vive et sincère, qui ne tient pas à grand-chose, juste à un filet de mélancolie, l’obsession de trois années pour un garçon qui finalement part en fumée, quelques souvenirs, d’incessantes anecdotes drolatiques et toujours ce grand écart entre l’idéal qui reste et la vie qui passe".

Noël en février offre un retour vers le milieu des années 1990. Camille est une fille de 15 ans qui se prétend "bizarre". Elle évolue au sein d’une famille recomposée avec un beau-père et un demi-frère. Maman prépare parfois une quiche lorraine pour le dîner. Papa, remarié lui aussi, fait les trois huit à l’usine.

Camille habite en Seine-et-Marne. Dans une petite ville à côté de Meaux. La voici qui entre en seconde dans un lycée technique gris, blanc et noir. Un établissement spécialisé dans les arts appliqués et les métiers de l’hôtellerie. Mademoiselle porte des Dr. Martens, écoute Hole et se trouve "nouille". Rien ne s’arrange quand elle tombe raide amoureuse.

L’élu de son cœur se prénomme Mathieu. Longiligne et fin, celui-ci arbore une tignasse blonde et possède des yeux "avec la mer dedans". Lui vient d’un village près de Melun, veut devenir architecte et joue de la guitare. Mathieu, qui ponctue souvent ses phrases par "Voilà quoi", Camille lui écrit, lui téléphone, l’attend. Et envisage même de lui faire une peluche pour Noël ! Gorgé d’énergie et d’humour, le coup d’essai de Sylvia Hansel sonne cruellement juste. Alexandre Fillon