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Bras de fer à rebondissements entre Amazon et l’éditeur Bloomsbury

Cartons de livraisons Amazon. - Photo AFP/Jean-Christophe Verhaegen

Bras de fer à rebondissements entre Amazon et l’éditeur Bloomsbury

Un duel éclair a opposé dans la soirée du 23 janvier Amazon au britannique Bloomsbury, éditeur entre autres de J. K. Rowling et Sarah J. Maas. Au terme d'âpres et courtes négociations, c'est la plateforme de e-commerce qui a eu le dernier mot.

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Par Fanny Guyomard
Créé le 24.01.2025 à 15h22

La sentence d’Amazon est tombée jeudi 23 janvier à 17h51 : à partir de minuit, le géant du e-commerce ne proposerait plus à ses clients le catalogue de Bloomsbury, l’éditeur de la saga Harry Potter de J. K. Rowling ou de la reine de la fantasy Sarah J. Maas.

« En dépit de nos meilleurs efforts ces derniers mois, Bloomsbury a refusé d’engager en toute bonne foi des négociations pour discuter d’un nouveau contrat leur permettant de vendre leurs titres dans notre plateforme », a expliqué le géant américain du e-commerce dans un communiqué, ajoutant que « malheureusement », il ne vendrait plus directement aucun des livres numériques de Bloomsbury (en format Kindle, développé par Amazon), ni de ses livres imprimés au Royaume-Uni, en Europe, en Australie (États-Unis exclus), l’achat restant possible via un vendeur indépendant passant par sa plateforme.

Rétribuer les investissements d'Amazon

Pourquoi le contrat devait-il évoluer en faveur d’Amazon ? Comme le justifie la firme, « contrairement à d’autres éditeurs britanniques avec qui nous avons négocié ces dernières années avec succès, Bloomsbury a refusé de reconnaître nos investissements continus pour donner accès aux lecteurs à des livres de tous formats », mentionnant des améliorations techniques pour les e-books, ou encore une distribution s’adaptant au Brexit. Et en conclusion du communiqué : la plateforme de vente laissait la porte encore ouverte pour une ultime négociation. Car Amazon, sans le dire, aurait eu beaucoup à perdre en se privant de J.K. Rowling ou de la saga Crescent City Sarah J. Maas.

Négociations par ultimatum

En réalité, la mésentente n'aura duré que quelques heures :  les deux parties sont parvenues in extremis à un accord dans la soirée et, à 22h30, la peine était levée, Bloomsbury expliquant (nous citons l’article du Bookseller) avoir appris la menace d’Amazon par surprise, en lisant son communiqué public alors que des discussions sont menées depuis cet été. Vendredi matin, son action en Bourse fléchissait légèrement.

Un conflit similaire avait déjà opposé en 2014 Amazon et Hachette. Plus de mille auteurs (Stephen King, Salman Rushdie…) s’étaient émus de la menace d’un boycott sur leurs œuvres, demandant dans une pétition à Amazon de ne plus les prendre en otage dans ses négociations. L’éditeur avait finalement concédé une baisse de ses prix.

Selon le dernier classement Global 50 publié conjointement par Livres Hebdo et les médias professionnels Publishers Weekly (États-Unis), Bookdao (Chine), Digital Publishing Report (Allemagne) et The Bookseller (Royaume-Uni), Bloomsbury est le 39e groupe d'édition mondial avec un chiffre d'affaires de 304 millions d'euros en 2023.

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