Il en fait une tête, Mathis le Marseillais quand il ouvre le colis contenant le cadeau envoyé par sa correspondante Camille la Bordelaise. Un pull tricoté main avec d'horribles rayures rouges. Sa mère a beau lui dire : « Tu te rends compte que ta correspondante t'a consacré trois semaines de sa vie ! ». Rien n'y fait, Mathis trouve le présent plus moche que généreux. Hors de question qu'il porte ce machin qui gratte.

Ses camarades ne sont pas mieux lotis : une bougie orange dans un petit pot pour bébé, des pots à crayons anciennement rouleaux de PQ, etc. Mais son pull en grosse laine détient quand même la palme de la ringardise. Quelle mouche a bien pu piquer le prof quand il a suggéré d'envoyer un objet fait main pour faire connaissance avec son correspondant ? Il faut bien l'avouer, Mathis non plus ne s'est pas foulé avec le savon liquide qu'il a confectionné pour Camille. Il schlinguait tellement qu'il a dû y rajouter le parfum de sa mère.

L'affaire se corse avec la deuxième demande du prof : que chacun se prenne en photo avec l'objet offert. Selon le principe rigolo de l'excellente collection Boomerang, où deux histoires sont à lire dans un sens ou dans l'autre et se font écho sur le même sujet, le roman aborde ensuite l'histoire racontée du point de vue de Camille. On rit tout autant. Le savon liquide fabriqué par Mathis, en réalité une infâme mixture, a en effet flanqué de grosses plaques rouges à l'épiderme délicat de Camille. Un roman poilant qui fait la peau à l'hypocrisie qui entoure parfois l'art d'offrir et de recevoir.