22 MARS - RÉCIT France

Jean-Loup Trassard- Photo CATHERINE HÉLIE/GALLIMARD

Vincent Loiseau a toujours coupé le bois au sermiau, qu'il préfère à la serpe, sait greffer les pommiers, les cerisiers. Le narrateur de Jean-Loup Trassard a mal au dos, aux genoux et aux reins. Il habite toujours la ferme qu'il a cédée à son fils. Mais il ne monte plus en hauteur, fagote à terre les branches de chêne, passe encore la rasette dans les betteraves fourragères au printemps. A genoux, il continue de dégermer les patates.

Si Vincent se dit "plus en presse comme avant", il est encore dehors tous les jours. Il met moins souvent ses sabots, préfère chausser ses brodequins. Désormais, il touche sa pension en billet, n'a plus d'argent à la banque. Le "père Loiseau" a été marié à Suzanne, née Chevris, qu'il avait rencontrée à une noce. Sa "bonne femme" n'est plus là depuis quinze ans, décédée trop tôt à 58 ans. L'homme connaît le secret pour faire un bon cidre, l'importance des barriques. Il a la mémoire intacte et se souvient de l'arrivée du tracteur à la fin des années 1950, du temps où il tuait les lapins d'un coup de bâton, qu'il menait une truie au verrat. De la guerre, lorsqu'il fut mobilisé au Mans.

Sensible, il n'aimait pas tellement castrer les cochons, le faisait en détournant la tête, se contentant de tenir l'animal à terre... Photographe et écrivain à l'oeuvre unique et cohérente, Jean-Loup Trassard revient chez Gallimard par la grande porte. Il y était entré en 1961, avec L'amitié des abeilles, et n'y avait rien publié depuis La déménagerie (repris en Folio) en 2004. On retrouve dans les pages de L'homme des haies le monde agricole de sa Mayenne natale. Un monde qu'on pourrait croire simple, mais qui fourmille de petites et de grandes histoires. Il y a chez l'auteur de Campagnes de Russie (Gallimard 1989, repris en Folio) un souci de la prose, de la justesse du ton. Une manière de creuser son sillon loin des modes.

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