Les jeunes dans l'édition

Capucine Delattre, une (très) jeune éditrice solaire chez Eyrolles

Capucine Delattre est entrée chez Eyrolles au printemps 2024 - Photo ED

Capucine Delattre, une (très) jeune éditrice solaire chez Eyrolles

À tout juste 24 ans, dont déjà cinq d’expérience dans l’édition, Capucine Delattre lance la collection de Young Adult « Solleyre » chez Eyrolles.

J’achète l’article 1.5 €

Par Éric Dupuy
Créé le 27.01.2025 à 16h58 ,
Mis à jour le 27.01.2025 à 22h07

« Solleyre », nouvelle collection de littérature pour jeunes adultes des éditions Eyrolles, à paraître en avril prochain, est portée par Capucine Delattre, une jeune éditrice en pleine ascension.

À seulement 24 ans, celle-ci pilote ce projet ambitieux avec une vision claire : créer des romans émouvants, captivants et ancrés dans les attentes des lecteurs contemporains.

« Je m’interroge sur les messages qu’on transmet aux jeunes »

L’objectif de la collection est de s’inscrire dans le paysage de la littérature Young Adult avec des ouvrages qui parlent directement aux lecteurs de 15 ans et plus, sans limite d’âge. Fidèle aux codes du roman d’apprentissage – émotions à fleur de peau, humour et révolte –, « Solleyre » souhaite se distinguer par sa volonté d’éveiller des réflexions profondes tout en restant accessible. « Je m’interroge beaucoup sur les messages qu’on transmet aux jeunes, les émotions qu’on veut susciter chez eux et les bagages qu’on leur propose d’emporter », explique la jeune parisienne.

Pour Capucine Delattre, la richesse de cette collection repose aussi sur sa souplesse. Elle observe les tendances – comme le succès passé des dystopies ou l’essor des réécritures de mythes grecs – tout en conservant les fondamentaux du genre. « Le roman pour jeunes adultes est encore jeune par rapport à l’histoire de la littérature, surtout en France. Il se construit, se consolide, et c’est fascinant de participer à cet élan », affirme-t-elle.

Un parcours d’exception

Derrière ce projet, un parcours remarquable. Après une enfance entre Paris, Bruxelles et Madrid, cette fille d’entrepreneur effectue ses études secondaires en région parisienne avant d’intégrer Sciences Po Paris. Passionnée de littérature, elle écrit et envoie son premier manuscrit à l’âge de 15 ans. Après avoir participé à une conférence avec l’éditeur Guillaume Robert, elle le contacte au culot sur Instagram. « J’avais 19 ans et déjà très envie de devenir éditrice, explique-t-elle naturellement. Guillaume Robert m’a proposé de lui envoyer mon CV. Quelques mois plus tard, je commençais chez Flammarion ».

Ensuite, elle se fait embaucher, en parallèle de ses études rue Saint Guillaume, dans l’agence de Susanna Lea. « Je sortais des cours pour aller travailler en agence, et inversement. C'était comme une alternance sauvage », raconte-t-elle. Dans cette agence, elle découvre les rouages du métier d’éditeur tout en consolidant sa formation théorique. Ce double engagement, bien qu’éreintant, a constitué un socle essentiel pour sa carrière : « J’ai appris à jongler entre stratégie, gestion de projet et les réalités du terrain, ce qui m’aide aujourd’hui à gérer les multiples aspects de mon rôle », explique-t-elle.

Troisième roman

Aujourd’hui, cette éditrice jongle entre différents genres littéraires. Si « Solleyre » occupe une place centrale, elle continue à travailler sur des projets de littérature adulte. « C’est cette diversité qui me stimule le plus. L’édition est un dialogue constant entre les genres, les âges et les attentes des lecteurs », confie-t-elle, veillant par ailleurs à ne pas se spécialiser pour rester en phase avec un univers en perpétuelle mutation. « J’aime explorer tous les genres. Cet éclectisme nourrit ma pratique et me permet d’éviter la routine ».

Sa jeunesse est un atout qu’elle revendique. Capucine Delattre incarne une nouvelle génération d’éditeurs, proche des attentes des lecteurs et ouverte à l’évolution des tendances. Cependant, elle reste lucide sur les défis du secteur : « L’édition est parfois marquée par un certain cynisme ou une morosité face aux chiffres difficiles. Je veille à m’en éloigner. Nous avons la chance de faire un métier merveilleux », confie-t-elle alors qu'elle vient de sortir son troisième roman, De mon sang (La ville brûle), après Un Monde plus sale que moi (2023 - La Ville brûle / Points) et un premier publié chez Belfond en 2020, Les Déviantes.

Avec une telle détermination et une capacité à se réinventer, l’éditrice de 24 ans semble déjà avoir trouvé sa place dans un milieu exigeant, où elle entend continuer à innover et à résonner avec les lecteurs de tous horizons.

Les dernières
actualités