Livres Hebdo : Vous avez quitté l’avenue de France il y a tout juste un an… Comment avez-vous vécu ces douze derniers mois, et quel est votre sentiment au moment de retrouver le groupe ?
Catherine Lucet : Cette année m’a donné l’occasion de questionner mon expérience et mon mode de fonctionnement, de réfléchir à l’édition, ses mutations, ses horizons nouveaux. J’ai continué à rencontrer beaucoup d’acteurs notamment dans le domaine de la technologie. Je reviens, ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre, à la fois pleine d’humilité et d’enthousiasme. C'est pour moi un grand honneur et une grande responsabilité d'avoir été choisie par Daniel Kretinsky et Denis Olivennes pour diriger Editis et la remettre sur la voie d'un développement ambitieux. Editis, ses salariés, mais aussi ses auteurs et partenaires, ont été très éprouvés par deux années de bouleversements et d'incertitudes qui ont obéré des opportunités de développement et créé de multiples tensions.
Les équipes ont fait preuve de leur professionnalisme en restant concentrées sur leurs métiers. J’ai évoqué la qualité de la rentrée littéraire des maisons du groupe ; on peut souligner par exemple la réactivité des équipes commerciales et logistiques d'Interforum dès l'annonce du Goncourt de Jean-Baptiste Andrea, mais aussi les progressions de nos parts de marché en Éducation, la remarquable avancée de la modernisation de notre outil de distribution…. Je veux saluer l'action de Michèle Benbunan, dont l'énergie est une source d'inspiration. J’ai passé vingt-trois ans chez Editis et vingt ans au sein du ComEx ; je suis très attachée au groupe ; j'en connais les équipes, les atouts, ainsi que les domaines où nous devons collectivement nous améliorer. Editis a besoin de stabilité, de sérénité et de cohésion pour retrouver sa place et son pouvoir d'attraction. C'est, avec le soutien de Denis Olivennes, ce que je vais m'efforcer de lui apporter.
Quelles sont les premières actions que vous allez mener ? Et avec qui ?
Je crois profondément au travail d'équipe et à la force du collectif. Editis est une maison bourrée de talents. Je vais m’appuyer sur eux et d’abord les rencontrer et les écouter. Je vais renforcer la direction du groupe. Dalila Zein, qui a fait un travail unanimement reconnu comme directrice générale de l’AFP, devient directrice générale déléguée d'Editis. Elle supervisera la finance, l'informatique et les opérations. Elle sera présidente d'Interforum. Pascale Rus nous rejoint et aura l’autorité sur les directions des ressources humaines, de la communication et de la RSE.
Marie-Christine Conchon, qui connaît bien la maison, revient pour occuper la fonction de secrétaire générale de la littérature et superviser le poche et les activités d'édition grand public d'Editis. Nous partageons toutes les quatre une même conception du management : nous serons au service des opérationnels et de la cohésion de l'entreprise.
Vous connaissez parfaitement le secteur de l’éducation pour l’avoir dirigé pendant 22 ans chez Editis. Comment abordez-vous l’autre secteur crucial pour l’image et l’attractivité du groupe, la littérature, avec votre nouvelle fonction ?
Je suis fondamentalement pour la liberté éditoriale et la décentralisation managériale. Editis est un groupe pluraliste qui a vocation à accueillir, dans la diversité de ses maisons, toutes les sensibilités, toutes les créations, et à défendre et respecter la liberté d’expression et la liberté de publier. Nous avons au sein d’Editis des éditeurs et des patrons de maison d’édition expérimentés, talentueux et dynamiques. Les succès de la rentrée littéraire en témoignent. La confiance de leurs auteurs aussi. Ils sont en première ligne avec leurs équipes pour exercer cette liberté.
La responsabilité première de la direction du groupe est de donner aux maisons l’espace et les moyens pour accompagner au mieux leurs auteurs, sur la durée, et pour construire des catalogues solides et des lectorats fidèles. Il s’agit de mettre en place les environnements les plus favorables au développement, à l’éclosion et à l’accueil des talents et des projets, et à leur succès. Cela passe aussi par la maîtrise et la mise à jour des outils et compétences professionnelles dans tous les métiers. Ces savoir-faire ont aussi pour vocation de nous permettre de servir au mieux nos éditeurs partenaires.
À la direction aussi de mener et coordonner les efforts pour relever les défis de notre environnement que constituent par exemple le développement du marché de l’occasion et l’essor de l’intelligence artificielle.