Animal, on est mal. Si elle était indienne, Catherine Poulain appartiendrait sans doute aux courants religieux des Jaïns ou des Bishnoïs, qui sont les plus respectueux au monde en matière de vie animale. Une vertu qui ne lui est pas venue tout de suite si l'on en croit ses confessions, puisque, petite, avec ses quatre sœurs, elles noyaient joyeusement des colonnes de braves fourmis noires. Il y a eu aussi ces souris, qui ravageaient sa maison d'enfance dans le Médoc et qu'elle a méchamment éradiquées. Sinon, dans l'ensemble, la fameuse aventurière (autrice du Grand marin, L'Olivier, 2016) aime nos « frères inférieurs », surtout les ailés, les oiseaux, qu'elle recueille, soigne, et fait en général crever ! Ainsi cette fauconne qui occupe une grande part dans son nouveau livre, poétique, un peu chamanique, et à qui elle s'identifie, notamment dans son désir de liberté. « Plus je connais l'homme, plus j'aime les bêtes », reprend à son compte celle qui disait « je rêve d'être un garçon », que sa mère (défunte lorsqu'elle était jeune) appelait « mon petit Joseph », et qui affirme aussi : « Je suis animal. Tout est animal en moi... » Fauve même parfois, et cru, comme la viande chassée qu'elle dévore après des périodes de jeûne. L'ombre d'un grand oiseau, incarnation du Mal, la hante encore. On n'est pas fille de pasteur pour rien. On remarquera enfin que les mots ne mentent pas, et que ce n'est pas un hasard si Catherine s'appelle Poulain. Peut-être une réincarnation ?
L'ombre d'un grand oiseau
Arthaud
Tirage: 20 000 ex.
Prix: 18 € ; 173 p.
ISBN: 9782080283689