HEU-REUX ! Oui, tout simplement heureux de voir vendredi dernier Et puis Paulette… , le 4e roman de Barbara Constantine, prendre la tête du Top 50 des romans dans le classement de Livres Hebd o. On s’est connu tout petit, Barbara et moi. C’était en 2006. Elle avait un rire de gamine, j’avais quelques cheveux de plus et nous faisions nos débuts. Elle d’écrivaine et moi d’ « éditeur à façon ». Scripte ayant participé à plusieurs grands films, elle avait un manuscrit au fond d’un tiroir ; journaliste remercié, je me rêvais éditeur. Ne dites à personne que vous êtes éditeur, vous seriez immédiatement recouvert de manuscrits, avant de dire merci. Barbara, ce n’est pas le genre de fille à s’imposer, c’est une fine mouche. Mais une amie commune, Katherine m’a transmis Allumer le chat qu’elle avait aimé. C’était le meilleur et le plus drôle des textes que j’ai reçu. Je l’ai appelé pour le lui dire ; elle a rigolé. On s’est rencontré. Elle tournait un film avec des animaux dans les Alpes. Déjeuner au soleil. C’était parti : nous aimions les chats, mes deux derniers viennent de son Berry... Comment convaincre un patron de l’édition de publier votre protégée ? En lui disant que c’est un bon livre ? Ouais... J’ai préféré (c’était une période d’élection présidentielle) conseiller à Jean-Etienne Cohen-Seat de jeter un œil sur ce Chat déjanté qui respirait la joie de vivre et la mauvaise foi, loin des lourds essais qui disent en 500 pages ce que leurs auteurs/candidats (au Goncourt, à la Présidence, etc) essaient ensuite d’ânonner à la télé aux heures de grande écoute. Pour glaner quelques voix, de gauche, de droite, d’extrême centre, qu’importe. Je peux vous confier sans trahir de secrets qu’elle en a vendu 8 000 exemplaires (JECS avait pronostiqué : « A partir de 500 exemplaires, un premier roman c’est un succès »). Depuis, elle double ses résultats à chaque livre. Jusqu’à Paulette en passant par Mélie et Tom. Les critiques ont été d’une discrétion exemplaire sur ces livres plein de tendresse sur les cassés de la vie qui respecte ses personnages par de grands rires. Les bloggeuses l’ont soutenue d’entrée. Elle a fait des signatures dans les grands salons et les petites librairies comme L’amandier à Puteaux, fidèles à ses lecteurs et à son éditeur Calmann-Lévy. On ne fait pas de bons romans avec des bons sentiments ? On en fait tellement de mauvais avec des mauvais sentiments ou des bons sentiments qui cachent de misérables arrières pensées. Quelques joies de lecteur : M’étant délecté de la Méthodologie pratique de mauvaise foi (Rue des promenades) je peux enfin avouer que je trouve les livres de Barbara très politiques. Imaginez que nous fassions tous comme Paulette… Même si je ne suis pas allé en Haïti avec Etonnants voyageurs je vous recommande le dernier Lyonel Trouillot La Belle amour humaine (Actes sud), un bijou de roman, de poésie, d’écriture. Toujours quelques polars même s’ils ne sont pas d’hier : Utu de Caryl Férey (le Haka des All blacks est une berceuse à côté de ce polar des antipodes), un premier Pelecanos, Un nommé Peter Karras (Points Seuil), l’as blanc des livres noirs made in USA. Je découvre Kawabata. L es récits de la paume de la main (Livre de poche) peuvent vous occuper des semaines et des mois. Quelle merveille ! J’ai hâte d’ouvrir Lettre à Zohra D. de Danielle Michel-Chich dans la très réussie collection de Flammarion. Cette femme plein de vie a perdu sa grand-mère et sa jambe gauche au Milk Bar d’Alger le 30 septembre 1956. Elle écrit, sans colère à la porteuse de bombe, devenue sénatrice du FLN, qui a bouleversé sa vie.
17.10 2013

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