Le 27 janvier, Frédéric Potier, délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et haine anti-LGBT qui s’était précédemment manifesté lors de la polémique sur la réédition des pamphlets antisémites de Céline, a demandé le retrait de Charles Maurras de ce recueil. "Commémorer c’est rendre hommage. Maurras, auteur antisémite d’extrême-droite, n’a pas sa place dans les commémorations nationales 2018."
Théoricien du nationalisme intégral, antiparlementariste virulent et antisémite notoire, Charles Maurras a soutenu le régime de Vichy. A la Libération, il a été frappé d’indignité nationale et condamné à la réclusion à perpétuité pour haute trahison et intelligence avec l’ennemi.
Au pilon
A la suite de protestations identiques de SOS Racisme et de la Licra, Françoise Nyssen a demandé le rappel de l’ouvrage et sa réimpression "après retrait de la référence à Maurras." La ministre de la Culture a indiqué qu’elle recevrait très prochainement les membres du Haut-comité qui a rédigé le recueil "afin de questionner, ensemble, la pertinence de cette démarche mémorielle conduite au nom de l’Etat par des experts."
Dans son communiqué, la ministre précise que "le travail et l’expertise des membres du Haut-comité" présidé par l’Académicienne Danielle Sallenave et composé entre autres de Pascal Ory, Jean-Noël Jeanneney et Claude Gauvard, "ne sont évidemment pas en cause."
Messieurs Ory et Jeanneney ont répondu dans une tribune au Monde daté du 30 janvier: "La mission confiée au Haut Comité aux commémorations nationales est de contribuer à une meilleure prise de conscience des épisodes majeurs du passé. Il en propose une liste à la ministre, à qui il revient de les agréer si elle le souhaite. Françoise Nyssen l'a fait d'abord, en l'occurrence, avant de changer d'avis." Et rappelle que le Haut-comité a "jugé, dans ces conditions, qu'il était de sa mission de rappeler ce que furent les mouvements intellectuels et politiques d'extrême droite sous la IIIe République."
En 2011, des protestations concernant Louis-Ferdinand Céline avaient conduit le ministre de la culture de l’époque, Frédéric Mitterrand, a retirer le nom de l’écrivain du calendrier des célébrations nationales.