20 mars > Roman France

Il n’a pas de chance, le héros-narrateur de Mathias Malzieu. Cet « inventeur dépressif » du fameux « pistolet à grenouilles » est tombé amoureux d’une jolie jeune femme, Sobralia, laquelle, outre qu’elle est asthmatique et mélancolique, a la fâcheuse habitude de disparaître dès qu’on l’embrasse sur la bouche. Comment retrouver cette fille « très effacée » devenue la femme invisible, et faire sa vie avec un ectoplasme ? Pour ce faire, sur les conseils de Louisa, son amie pharmacienne, il consulte Gaspard Neige, un détective privé à la retraite qui fut autrefois, dit-on, l’amant d’Elizabeth Taylor. Touché par le désarroi du jeune homme, Neige lui prête Elvis, son perroquet magique, capable de détecter quelqu’un à l’odeur et, mieux qu’un magnétophone, d’enregistrer et de répéter de longues conversations. Le tandem se met en quête dans toute la ville, place de la Pastille, rue de la Croquette, passage du Rockabilly, boulevard Bashung. Lorsque enfin Sobralia est localisée, son soupirant lui offre des chocolats au goût de baiser qui lui permettent de se matérialiser et d’être embrassée, partout ailleurs que sur la bouche.

C’est alors qu’ils filent leur drôle d’histoire que réapparaît dans la vie du héros « la bombe d’amour », son ex, bien décidée à le récupérer. Laquelle choisir, de ces deux filles si différentes ? Il faudra un petit coup de pouce du destin pour que le fin mot de cette aventure rocambolesque soit révélé au narrateur en même temps que l’identité réelle de Sobralia - que l’on gardera bien entendu ici secrète. D’autant que la fin du roman demeure un peu brumeuse.

Avec Le plus petit baiser jamais recensé, Mathias Malzieu, le leader tonique du groupe Dionysos, poursuit dans sa veine littéraire, inventant des contes un peu fantasy pour grands enfants ou jeunes adultes. Il y glisse quelques éléments autobiographiques pas toujours drôles (une allusion, par exemple, à la mort de sa mère), mais aussi toutes les ressources de son inventivité verbale : comment « stopper l’amouragie » d’un garçon pour une fille qui a de si jolis « seins-balles » ? C’est tendre et mélancolique, bien mené et sans prétention, un peu comme une chanson de Dionysos.

J.-C. P.

 

 

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