Qu’est-ce qui vous a amenée à écrire un guide de voyage ?
Après une licence de Lettres, Sciences Po Lyon et une école de journalisme, l’Institut français de presse (IFP), j’ai travaillé pendant sept ans au magazine féminin Cosmopolitan. En plus des rubriques dont j'étais en charge, je participais ponctuellement aux pages tourisme. C’était des voyages de presse, assez cadrés. Au bout d'un moment, avec le magazine, on a eu envie de changer un peu. On a continué à profiter des invitations mais en faisant le reportage à notre sauce, en se mettant en scène.
Et puis en 2009, j’ai pris une année sabbatique. J’allais avoir 30 ans, je voulais partir en voyage avec mon sac à dos avant de me ranger (rires). Je devais partir trois mois en Amérique du Sud et trois mois en Asie, mais finalement, je suis restée neuf mois en Amérique latine. Je n'avais pas une attirance pour ce continent, je ne parlais même pas espagnol, mais j'avais envie de partir loin. J’ai fait un parcours : Brésil, Pérou, Bolivie, Argentine, Equateur, Paraguay et Colombie. Je voulais retrouver le plaisir d’écrire pour soi : je remplissais des carnets de voyage. J’ai commencé à apprécier quand je suis sortie des circuits touristiques : un groupe de Péruviens m’a emmenée dans des endroits qui n’étaient pas sur mon guide.
De retour en France, j’ai commencé à mettre en place un projet dans un village du Pérou, la Selva central. Je voulais être dans le concret. Je suis retournée vivre au Pérou. Pendant deux ans, j’ai développé avec les habitants un site de tourisme dans une plantation de café pour dynamiser le village. L’ONG que nous avons créée, Enamorate, marche d'ailleurs toujours. C'est en présentant ce projet lors d’une conférence dans une université de tourisme à Paris que j’ai rencontré un auteur de Viatao. Quand je suis rentrée au Pérou, j’ai décidé de contacter cette maison d'édition.
Comment avez-vous été "recrutée" ?
J’ai envoyé mon CV et quelques uns de mes articles. J’avais aussi ma page internet. J’ai dû rédiger une chronique de voyage. Et puis j'ai eu un entretien sur Skype avec l'éditeur.
Avez-vous depuis longtemps cette passion pour le voyage ?
J’ai vraiment commencé à voyager quand j’ai eu un travail. Tout mon argent y passait, c’est toujours le cas d’ailleurs (rires). Je prenais un mois de vacances, je partais sac à dos sur l’épaule, avec mon amoureux en général. Je suis allée en Inde, en Thaïlande, à Madagascar…
Comment avez-vous travaillé pour le guide ?
La préparation a duré sept mois, le voyage quatre et l’écriture trois. J’ai voyagé de façon très "roots" pour voir le maximum de choses. J’ai beaucoup utilisé le bouche à oreille. Je lisais aussi la presse locale. A l’aide de la grille Viatao, je me suis fait un tableau avec les différents lieux du tourisme responsable. Je me suis basée sur le bénéfice pour la population locale, sur la mise en valeur de l’architecture… C’est ce que je cherche comme voyageuse donc ce n’était pas si compliqué à trouver.
Quel regard portez-vous sur ce métier d'auteur ?
C’est un privilège d’écrire sur ce qu’on aime. J’ai conçu ce travail comme une étape qui sert à connaître un pays et à continuer à le défendre d’une autre façon. Le guide m’a permis de me faire connaître, de construire un réseau qui me sert toujours ici. Je trouve que c’est important que les éditeurs travaillent avec des gens qui connaissent vraiment le pays et qui n’y passent pas seulement quelques semaines.
Quelles difficultés avez-vous rencontré ?
Ça a été intense mais parce que je le voulais. Je dormais à l’hôtel, dans les bus, ou parfois chez les gens que je visitais… J’ai fini un peu fatiguée ! Mais le plus difficile, ça a été de faire des choix pour le guide, de couper.
Quel est votre statut ? Arrivez-vous à vivre de cette activité ?
Je suis payée en droit d’auteur. Financièrement, c’est anecdotique. Je pige parfois pour des magazines de voyage comme Grands reportages. Je travaille aussi comme fixeuse pour la télévision, j’apporte mes connaissances sur place. La dernière fois, c’était pour l’émission "Faut pas rêver", qui sera diffusée en septembre. Et depuis peu, je suis devenue l’experte tourisme d’une compagnie aérienne locale, starperu.com, qui voulait apporter de la valeur ajoutée à ses clients : ce qu'il y a à faire sur place, ce qui est hors du commun... Je suis en charge de petits web-reportages et de la programmation des voyages. Mon travail pour le guide m’a donné une légitimité sur place.
Quel est votre pire souvenir ?
Ce n’est pas vraiment un mauvais souvenir. J’avais voulu trouver une autre manière de rejoindre Pucallpa et Quito, autrement qu’avec un gros ferry. J’ai trouvé un bateau qui reliait Atalaya et Pucallpa et où on pouvait dormir sur un hamac. Mais on est restés coincés plusieurs fois sur les bancs de sable, résultat, j’ai pris quatre jours de retard sur mon planning.
J’ai eu un coup de cœur pour Gocta, l'une des chutes d’eau les plus élevées du Pérou, au nord. L’association communautaire a été visitée par l'équipe d'Echoway pour les pages spéciales Tourisme communautaire du guide. Un an après, le responsable de la communauté m’a envoyé une photo de touristes français venus grâce au guide. Même si on n’a jamais les retombées que peut avoir un guide plus connu, quand les gens ont des visites, quand vous revenez et qu'ils se rappellent de vous, vous êtes très contents.
Bibliographie
- Pérou, collection The Natural Guide (2012)