Toute jeune, Axelle Séverin a ressenti un appel, une vocation : mourir au monde puis renaître, dans un couvent, au service de Dieu, et au grand dam de sa famille. Sœur Anne a maintenant 40 ans, et sa foi a profondément vacillé le jour où son père est mort. Au sein des Filles de la charité, elle était respectée, et elle enseignait le français. Jusqu'au jour où elle a craqué : elle a hurlé, et giflé une élève insolente. Pour sa peine et pénitence, Mère Supérieure l'envoie dans une autre maison de l'ordre, en Espagne, coupée de tous. Plus rien ne sera jamais comme avant.

De retour, elle est la maîtresse des novices, chargée d'accueillir, fait rare, une nouvelle, la jeune Jeanne, 20 ans. Une créature lumineuse, habitée par Dieu, naturellement bonne. « Jeanne est tout ce qu'elle n'est plus », écrit la romancière. Une relation particulière, une sorte d'amour mystique et chaste, va naître entre elles, rythmée par les prières en commun, les promenades et les conversations, les lettres que Sœur Anne écrit à Jeanne, belles et enflammées, et les morceaux de violoncelle que celle-ci joue pour elle. Mais le père Martin, le confesseur, s'inquiète, et Mère Supérieure prend des mesures : Jeanne sera chargée de la chorale et Sœur Anne s'efface, disparaissant mystérieusement, non sans avoir écrit à Jeanne une ultime lettre, bouleversante.

À rebours des modes et du fracas du monde, Claire Conruyt a réussi un roman à huis clos, au cœur des passions humaines, bernanosien.