« Je viens de lire
le point de vue de Maya Flandin, directrice de la librairie Vivement dimanche, à Lyon (4e), et vice-présidente du Syndicat de la librairie française (SLF), dont elle préside la commission commerciale.
A la librairie Le Chat Pitre à Fécamp (dans une région, la Normandie, relativement épargnée), nous avons une position radicalement différente. Ni meilleure ni pire, mais à l’opposé.
Mardi, nous allons rouvrir la librairie avec le sourire et toute notre énergie pour tenter de relancer l’activité le plus vite possible et du mieux possible.
Toutes les précautions sont prises en termes d’hygiène : une table avec gel hydro-alcoolique accueille le clients ainsi qu’une affiche explicative des règles à respecter ; mais nous n’avons pas installé de paroi en plexiglass, parce que c’est cher et aussi parce que cela ne protège qu'un poste fixe, pas quand nous circulons dans la librairie.
Nous ne porterons pas de masque parce que nous ne souhaitons pas mourir étouffés, que c’est totalement anxiogène pour tout le monde, qu’avec des lunettes, c’est ingérable, et qu’on ne verra plus nos beaux sourires, vecteur essentiel de communication et de réussite dans le commerce de proximité. Nous essayons de nous procurer des visières en plexiglass, mais pas sûr qu’elles seront là pour mardi ; pas sûr non plus que les libraires les porteront longtemps.
« 15% de notre chiffre habituel »
Pendant le confinement, passés les quinze premiers jours de psychose totale, nous avons continué à servir nos clients via notre site Internet (via un transporteur qui avait pris les dispositions nécessaires pour livrer les particuliers) et un service
"pick-up" à la librairie, sur rendez-vous. Les paiements devaient se faire en ligne ou par téléphone. J’ai même livré des cadeaux d’anniversaire dans la campagne autour de Fécamp ! Bilan : en avril, nous avons réalisé 15% de notre chiffre habituel. C’est peu, mais c’est mieux que rien.
Parmi l’équipe de quatre libraires, une était en congé maternité, un a assuré la permanence le matin pour gérer les ventes, les appels, les retraits et les livraisons, une a été très active sur Facebook pour assurer le lien avec nos clients et amis, et la dernière a géré le suivi de la comptabilité au départ, puis le suivi des offices avant la reprise. Et tous ensemble, chacun derrière notre écran, nous avons passé notre confinement à refaire notre site Internet, qui sera prêt dans quelques jours.
Pour la reprise, chacun est volontaire pour revenir travailler et faire en sorte que la librairie passe ce cap difficile sans trop de dommages. En tant que gérante, je ne suis pas inquiète. Les clients reviendront. Impossible cependant de prédire si mardi ce sera le rush, ou si la reprise sera timide. »