En tête de notre classement des librairies françaises, o, trouve le même tiercé gagnant qu'en 2010, avec, par ordre d'arrivée, Gibert Joseph, Gibert Jeune et Mollat. La librairie bordelaise conforte son avantage sur son challenger lillois Furet du Nord, qui, depuis septembre 2010, partage une petite partie de son activité avec le nouveau Furet du Nord de Sequedin-Englos, l'agglomération voisine. En pleine expansion, ce magasin passe d'ailleurs dans notre classement de la 209e place à la 45e. Tandis que Sauramps, Sadel et La Procure s'inscrivent sans grande surprise, respectivement à la 5e, la 6e et la 7e place, Cufay s'invite pour la première fois dans notre Top 10, devant Lavoisier et Camponovo. La librairie-papeterie d'Abbeville (Somme), qui figurait au 14e rang l'an passé, se hisse au 8e grâce aux bonnes performances de ses ventes aux collectivités, et notamment aux écoles, secteur où elle a profité à la fois de la disparition d'un concurrent de taille, la Cuc, et de la réforme des programmes en classes de quatrième et de première.
Chapitre en retrait
Aux rangs qui suivent, inutile de chercher Le Hall du livre-Chapitre à Nancy ou Arthaud-Chapitre à Grenoble qui occupaient respectivement la 12e et la 18e place l'an dernier. Signe probable de ses difficultés, l'enseigne Chapitre n'a pas souhaité communiquer les chiffres de ses magasins pour la deuxième année consécutive. D'où le retrait de 52 points de vente, dont les deux tiers figuraient dans la première moitié de notre palmarès, et dix d'entre eux parmi les 50 premières librairies. Sachant que la Fnac, Virgin, Cultura et Decitre refusent toujours de révéler les chiffres de leurs établissements, notre classement enregistre donc une remontée logique de l'ensemble des magasins vers des rangs supérieurs et intègre, pour maintenir une base de 400, des structures de plus petite taille. Ainsi la 400e (Les Trois Sources à Albi) affiche un chiffre d'affaires de 335 000 euros. Du coup, les 400 librairies répertoriées cette année totalisent, à 805 millions d'euros, un chiffre en baisse de 10 % par rapport à celui des 400 librairies de l'an dernier. En revanche, à périmètre comparable (hors Chapitre), l'évolution semble meilleure que prévue puisqu'elle est positive à hauteur d'environ 1 %.
Derrière ces grandes tendances, certaines librairies se distinguent bien sûr plus particulièrement. Outre le Furet du Nord de Sequedin-Englos, c'est le cas notamment d'un autre jeune établissement, Chantelivre à Orléans, qui entre pour la première fois dans notre palmarès, au 185e rang. Dans le même registre, L'Arbre à lettres République à Paris, fermé durant huit mois suite à l'incendie survenu en avril 2009, affiche, après deux exercices amputés, un chiffre d'affaires sur 12 mois et grimpe du 371e au 273e rang. Par ailleurs, comme l'an passé, les librairies actives sur le marché des ventes aux collectivités, et en particulier aux écoles, affichent de bonnes performances. Outre Cufay, c'est le cas de Gibert Jeune Saint-Michel à Paris (2e), de Cyrano-La Générale des écoles à Meaux (91e, contre 157e l'an dernier) ou encore Torcatis à Perpignan (74e, contre 115e).
De belles performances sont aussi à noter du côté des librairies qui ont investi dans leur magasin. Ainsi de Ravy à Quimper, qui, forte de son agrandissement en juin dernier, gagne 24 % pour son chiffre d'affaires 2011 et s'impose au 62e rang. De même, sous l'effet de l'ouverture d'un second point de vente consacré aux adultes, la librairie jeunesse La Belle Aventure à Poitiers grimpe, avec une hausse de 35 %, à la 248e place (contre 353e). A Rennes, Le Failler (31e, contre 48e) profite du dynamisme de ses nouveaux responsables : depuis leur arrivée au printemps 2010, ils ont réorganisé le magasin et élargi l'offre, notamment en jeunesse et en BD, tout en développant des partenariats avec les institutions culturelles locales. C'est aussi grâce au dynamisme de son équipe dirigeante et aux très bons résultats de son rayon beaux-arts (+ 26 %) que Galignani à Paris progresse du 65e au 47e rang.
Disparitions
Malheureusement, à l'opposé de ce panorama rassurant, notre classement témoigne aussi de mouvements moins enthousiasmants. Outre la disparition des librairies franciliennes Verger des muses et Verger des reines (75e et 110e l'an dernier), et de la bisontine Cart (180e), il affiche quelques contre-performances notables. Se maintenant au 17e rang, Flammarion-Centre Pompidou à Paris marque un recul de 18 % sous l'effet conjugué des travaux entrepris dans ses trois points de vente et d'une programmation d'expositions au sein du centre qui s'est révélée moins porteuse que l'année précédente. Au 29e rang, Grangier à Dijon a pour sa part pâti des travaux de construction du tramway juste devant son magasin. De manière plus structurelle, Coulier à Castres (191e) souffre de l'installation d'un Espace culturel Leclerc et de la disparition d'un centre hospitalier tout proche qui lui amenait un supplément de clientèle. Qu'ils aient dû faire face à un événement particulier ou simplement à la crise économique et aux restrictions budgétaires de leurs marchés publics, près de 40 % des 400 établissements classés annoncent des baisses de chiffre d'affaires. En outre, on sait que Castela (59e) apparaît pour la dernière fois dans notre classement puisqu'elle a définitivement fermé ses portes en février dernier. Mais pour finir sur une note positive, gageons que d'autres librairies ambitieuses créées en 2011, comme Passion Culture, ouverte en septembre 2011 à Orléans, apparaîtront l'an prochain dans notre classement, en bonne place.