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Classement 2013 : les 400 premières librairies

Librairie Georges, Talence - Photo Olivier Dion

Classement 2013 : les 400 premières librairies

Un peu moins touchées par la crise que l’ensemble du marché, les 400 premières librairies françaises selon leur chiffre d'affaires 2012 ont connu un tassement de 0,8 % de leur activité, contre - 1,5 % pour l’ensemble du secteur. Par rapport à 2011, un plus grand nombre d’enseignes enregistrent un recul et de grandes librairies sont redynamisées par leurs nouveaux propriétaires.

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Par Clarisse Normand
Créé le 15.04.2015 à 22h43 ,
Mis à jour le 20.05.2016 à 11h36

Avec 800 millions d’euros exactement, le chiffre d’affaires cumulé des 400 premières librairies françaises de notre classement 2012 affiche, par rapport à celui de l’an dernier, un recul de 0,8 %. Entre le numéro un, Gibert Joseph à Paris, et le 400e, Le Rameau d’or à Lyon, pas moins de 60 % des librairies répertoriées enregistrent un recul d’activité, contre 40 % dans le précédent classement. Et encore, ces données se fondent sur des chiffres qui, compte tenu des dates de clôture des exercices comptables de nombreuses librairies, n’intègrent qu’une partie de l’activité de 2012 qui, on le sait, a été difficile. Malgré ce constat peu encourageant, force est de constater que l’ensemble de ces librairies indépendantes affiche tout de même une baisse moindre que celle du marché. Selon nos indicateurs Livres Hebdo/I+C, celui-ci baissait de 1 % en 2011 et de 1,5 % en 2012. Au-delà de ces enseignements sur le secteur, notre classement permet surtout de rendre compte de situations individuelles.

 

Des changements.

Etant donné les écarts de chiffre d’affaires avec leurs confrères, mais aussi entre elles, les quatre premières librairies se classent toujours dans un ordre strictement identique, avec, en tête, deux établissements parisiens, Gibert Joseph et Gibert Jeune, suivis de deux institutions régionales, Mollat à Bordeaux et Furet du Nord à Lille. En revanche, des changements apparaissent dès le 5e rang, occupé pour la première fois par Sadel, spécialiste de la vente de manuels scolaires aux collectivités, qui supplante Sauramps. Le libraire montpelliérain rétrograde à la 6e place, pénalisé par la perte d’un marché scolaire de 3,5 millions d’euros et l’autoconcurrence de sa succursale créée en 2009 en périphérie, Sauramps Odyssée (33e rang). Au 7e rang, on trouve un nouveau venu dans notre classement : EMLS, installé à Vitrolles et spécialisé dans la vente de livres scolaires aux établissements. Avec Sadel et L’Appel du livre (10e), un tiers des 10 premières librairies se trouvent donc être des structures de vente aux collectivités.

 

Inutile de chercher Camponovo à Besançon ou Castéla à Toulouse : ces librairies ont définitivement disparu pour cause de fermeture. En revanche, Grangier à Dijon, qui appartenait, comme Camponovo, à Jean-Jacques Schaer, a pu à l’inverse de cette dernière trouver un repreneur. Elle a donc été maintenue au 30e rang de notre palmarès sur la base de son chiffre d’affaires au 31 mars 2011, sachant que, par la suite, son activité a été peu significative en raison notamment de la fermeture du magasin pendant cinq mois.

De manière plus constructive, on peut noter l’apparition de près de 10 % de nouveaux venus dans notre classement, comme LGDJ (35e), BHV (36e), l’Espace culturel Leclerc nantais Paridis (41e), Lamartine (65e), Comme un roman (159e), L’Eclectique (324e), Les Cordeliers (325e), Nordest (333e) et encore Jules et Jim (342e)… C’est aussi le cas de jeunes structures vite montées en puissance, comme Gibert Joseph à Vaulx-en-Velin (53e), Furet du Nord à Arcueil (78e) et à Coquelles (104e), Chantelivre à Orléans (167e), Dialogues à Morlaix (181e) ou encore Les Arpenteurs à Paris (335e). On aurait pu penser que Passion Culture, ouverte à Orléans en septembre 2011, serait aussi présente, avec une première année d’activité pleine, mais sa directrice, Sylvie Champagne, n’a pas souhaité communiquer de chiffre.

 

Redynamisation.

Parallèlement, notre classement témoigne de la redynamisation réussie d’un certain nombre de librairies ayant fait l’objet d’un rachat ces dernières années. Ainsi de la librairie rennaise Le Failler qui figure au 23e rang alors qu’elle était au 31e l’an dernier et au 50e il y a six ans. Ainsi également de La Rose des vents (133e), des Beaux Titres (235e), d’Apostrophe (209e), de Cédille à Cluses (304e), de Ty Bull Tome 2 (376e)… Repris en juin 2011, Lucioles grimpe pour sa part du 196e rang au 130e, intégrant pour la première fois la vente de livres scolaires (neuf et occasion).

 

Malheureusement, notre classement fait aussi ressortir des situations nettement moins réjouissantes. A Beauvais, avec une forte baisse de son activité, Gibert Joseph (89e) fait sa dernière apparition en raison de sa mise en liquidation judiciaire en octobre dernier. A Saumur, l’Espace culturel Leclerc du centre-ville (203e), concurrencé par l’arrivée d’un petit frère dans la galerie marchande de l’hypermarché local Leclerc, marque le pas avec une réduction de moitié de sa surface de vente, tandis qu’à Grenoble LaDérive recule à la 383e place à la suite de la fermeture de son point de vente pour la jeunesse.

De manière plus spécifique, les librairies techniques et professionnelles affichent également des baisses d’activité notables, dont Lavoisier (11e) qui a fermé à la fin de 2011 son magasin parisien pour se recentrer sur la vente en ligne, Eyrolles (16e), Vigot Maloine (64e) ou encore les librairies de droit de Lexis Nexis dont Ma librairie de droit (343e).

 

Les difficultés des centres-villes.

Témoignant des difficultés des commerces situés en cœur de ville et de plus en plus concurrencés par les centres commerciaux de périphérie, Clareton à Béziers recule au 161e rang sous l’effet conjugué de la désertification du centre-ville et de la concurrence d’un Cultura. Enfin, au-delà de l’atonie des ventes aux particuliers, plusieurs librairies ont pâti de la perte de certains marchés aux collectivités. C’est le cas de la Librairie générale du Calvados (202e), de Quai des mots (249e), de Prado-Paradis (88e) ou encore de Méresse (379e). Mais déjà, certains évoquent des reconquêtes en cours, qui témoignent de l’énergie remarquable dont savent faire preuve les librairies indépendantes pour résister dans un contexte difficile. <

 

Les chaînes cahin-caha

 

A côté de Virgin, qui pourrait faire cette année sa dernière apparition dans notre classement, la plupart des enseignes affichent des résultats en demi-teintes.

 

On saluera l’effort de transparence des grands groupes qui, à l’exception d’Actissia, ont accepté de nous communiquer leurs chiffres pour l’exercice 2012. A commencer par la Fnac. Dans la perspective de son introduction en Bourse en juin prochain, l’enseigne nous a révélé, après plusieurs années de silence, son chiffre d’affaires dans le livre. Avec 565 millions d’euros et 102 magasins, dont 12 dans les gares et les aéroports, le groupe domine toujours haut la main le classement des chaînes.

Malgré l’absence de données récentes, on peut penser qu’Actissia se maintient au 2e rang avec ses 57 librairies Chapitre, son site Internet, ses 200 boutiques France Loisirs et Biblioteca, son service de vente aux collectivités.

Classé 3e comme les années précédentes, le groupement Leclerc n’en affiche pas moins un poids toujours croissant. Avec un parc d’Espace culturel en constante augmentation, son CA livres a atteint l’an dernier 356 millions d’euros, dont 230 millions pour les seuls Espace culturel…, contre respectivement 300 millions et 148 millions en 2006.

Mais notre classement des chaînes témoigne surtout des difficultés de Virgin. Placée en redressement judiciaire, l’enseigne a fermé l’an dernier trois magasins et a accusé une baisse de son CA livres de 14 %, à 79 millions d’euros. Ce qui la fait reculer du 4e au 6e rang. Dans ce contexte, Gibert Joseph remonte à la 4e place, suivi du réseau Maison de la presse. En deçà, les autres enseignes gardent les mêmes places que l’an dernier, avec des variations d’activité divergentes mais d’amplitudes relativement limitées. A l’exception du réseau parisien L’Arbre à lettres, qui affiche une baisse de 17 % à la suite de la cession à l’un de ses salariés de son magasin de République, rebaptisé L’Acacia. A l’inverse, Decitre et Furet du Nord renforcent leur parc avec des installations en centre commercial. Le premier a ouvert en 2012 un 6e magasin dans l’agglomération lyonnaise - mais il vient d’annoncer qu’il fusionnait ses deux points de vente de Lyon Bellecour. Le second a confirmé son intérêt pour le territoire francilien en s’installant au Kremlin-Bicêtre. Et l’on sait déjà que l’enseigne du Nord-Pas-de-Calais a prévu trois autres implantations dans cette région d’ici à un an. Un dynamisme bienvenu qui tranche avec la morosité ambiante. <

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