Notre classement confirme le retour en force des indépendants en 2014. Sur les 400 premières librairies françaises, leur nombre est passé de 309 à 337. Bien sûr, la différence est largement imputable au dépeçage du groupe Chapitre. Dix des établissements qui appartenaient encore l’an dernier au réseau aujourd’hui disparu figurent maintenant comme indépendants dans notre palmarès… au prix toutefois de reculs souvent importants dus aux perturbations qui ont marqué l’année. Ainsi de La Grand Librairie (89e) à Arras, Les Volcans (94e) à Clermont-Ferrand, Forum Mirose (186e) à Roanne ou encore Nouvelle librairie Baume (191e) à Montélimar. Sans compter les établissements repris par des éditeurs, dont Albin Michel et Gallimard, et ceux ayant définitivement fermé leurs portes, une dizaine d’autres encore auraient dû venir se classer dans notre palmarès s’ils nous avaient communiqué leurs chiffres.
Un chiffre d’affaires en baisse
Compte tenu de l’absence ou de la disparition de certaines grandes librairies, le cumul de chiffres d’affaires de notre classement s’établit cette année en baisse à 784 millions d’euros, contre 896 millions un an plus tôt. Alors qu’en première position on trouve toujours Gibert Joseph à Paris, avec 37,3 millions d’euros de chiffre d’affaires livre, en dernière position on descend, avec la Librairie-papeterie du théâtre de Draguignan, à 332 000 euros.
Dans le peloton de tête, et dans un ordre identique jusqu’au 9e rang, on retrouve les mêmes établissements que l’an dernier. Bien que restant 3e, Mollat à Bordeaux, n’a jamais été aussi proche du 2e, Gibert Jeune à Paris. Comme la plupart de ses confrères très présents dans le scolaire, parmi lesquels EMLS (14e), Gibert Jeune a vu son activité reculer significativement en l’absence de réforme pour les manuels de lycée et de collège.
Très dépendantes des expositions des lieux où elles sont installées, les librairies de musée affichent des évolutions très contrastées, avec de fortes hausses au Grand Palais (17e) et au Quai Branly (116e) et, inversement, des baisses significatives au Louvre (22e) et à l’Orangerie (240e).
Sur un marché globalement en retrait de 1 % en 2013 et de 0,5 % en 2014, certains établissements se démarquent avec de belles performances grâce à leur dynamisme et parfois aussi à un environnement concurrentiel favorable. C’est le cas de Masséna (75e) à Nice, ou encore de Passages (114e) et Vivement dimanche (218e) à Lyon. Récoltant les fruits de leurs efforts, Les Beaux Titres (215e) à Levallois, Les Cordeliers à Romans-sur-Isère (306e), Les Arpenteurs (318e) à Paris, ou encore Sillage (326e) à Ploemeur enregistrent des croissances significatives. D’autres creusent leur sillon, comme Charlemagne qui a ouvert mi-2013 à La Valette, en périphérie de Toulon, et grimpe au 224e rang, tandis que d’autres encore ont profité l’an dernier de la réorganisation de leur parc de magasins. Ainsi de Gibert Joseph (153e) à Chalon-sur-Saône qui a bénéficié de la fermeture du magasin de Mâcon ou encore de Momie Folie (134e) à Grenoble qui, en déménageant, a pu rassembler ses deux points de vente, BD et mangas. Dans un autre registre, la librairie Lavigne (246e) à Montbrison affiche une belle progression sous l’effet de deux appels d’offres qu’elle a remportés. Et L’Odyssée (394e) à Vallet profite de l’ouverture, dans son voisinage, d’un lycée qui lui a confié une partie de ses achats de manuels scolaires.
Toutefois, l’année n’a pas été facile pour tous. Bien que sauvés de la liquidation grâce à une reprise, Clareton (221e) à Béziers et Le Bleuet (135e) à Banon accusent de fortes baisses d’activité. Moins chanceux, L’Imaginaire à Lorient ou encore La Réserve à Mantes ont quant à eux fermé leurs portes et disparu du classement.
A côté de ces divers mouvements, signalons l’entrée de nouveaux points de vente qui, pour la première fois, nous ont communiqué leurs chiffres. Ainsi de Chemain à Voiron (193e), Bookstore à Biarritz (285e), Librairie de la BD et de l’image à Angoulême (323e), L’Amandier à Puteaux (353e), La Colline aux livres à Bergerac (359e), La Rue en pente à Bayonne (378e), ou encore Le 5e Art à Saint-Jean-de-Luz (381e). Gageons qu’à l’avenir d’autres librairies suivront leur exemple.
Chaînes : Leclerc devient n° 2
Notre palmarès des chaînes reflète la disparition de Chapitre, avec notamment l’accroissement du nombre d’éditeurs parmi les propriétaires de librairies.
Pour la première fois, notre classement des chaînes et des groupes ne comprend plus aucune trace de Virgin, disparu en juin 2013. Et Actissia, sans les librairies Chapitre liquidées début 2014, quitte la deuxième place au profit du groupement Leclerc. En revanche, la Fnac, avec Fnac.com, monopolise toujours la première place même si, cette année, le groupe, pourtant coté en Bourse, n’a pas souhaité communiquer la part réalisée par le livre. Nous avons toutefois pu l’estimer autour de 450 millions d’euros pour la France.
L’autre fait marquant du palmarès, lié lui aussi à la liquidation de Chapitre, concerne la place prise par les éditeurs comme propriétaires de librairies. Ainsi Albin Michel, qui n’en possédait pas jusqu’alors, fait son entrée au 15e rang avec 7 établissements repris à Najafi, l’actionnaire de Chapitre. Et Madrigall, qui regroupe Gallimard et Flammarion, apparaît en 10e position avec 9 points de vente, compte tenu du rachat du Hall du livre. L’établissement nancéien, bien qu’absent cette année du classement des librairies faute de communication sur ses chiffres, figure on le sait parmi les 20 premiers du palmarès. Parmi les éditeurs, on trouve aussi Actes Sud (19e) et Eyrolles (16e) que nous intégrons dans le classement des groupes, ce que nous ne faisions pas auparavant, alors que ses deux librairies figurent chaque année parmi les 50 premières de notre classement des 400. Enfin, citons Chantelivre (18e) qui évolue, comme l’éditeur jeunesse L’Ecole des loisirs, au sein du holding Nova Groupe.
Cultura et Le Furet offensifs
Pour la première fois, nous faisons apparaître La Procure (14e) non seulement comme groupe mais aussi comme groupement avec ses 25 librairies partenaires. De même, nous avons intégré Sauramps qui, avec trois magasins, a toute sa place dans ce classement, comme le démontre sa position au 13e rang. Le groupe Ducher, liquidé à l’automne dernier, y apparaît lui pour la dernière fois, figurant au 22e et dernier rang. L’Arbre à lettres (21e), dont le périmètre est depuis un an et demi réduit à deux librairies, est lui aussi en sursis en tant que réseau, en attendant la cession des deux librairies qu’il lui reste. Dans cet ensemble, l’enseigne Maison de la presse (6e) maintient son activité livre malgré la perte d’une vingtaine de points de vente, figurant parmi les plus petits d’entre eux et surtout moins orientés vers le livre que vers la presse.
Enfin, toujours offensifs, Cultura (4e) et Furet du nord (8e) continuent à conforter leurs positions grâce à leurs nouveaux magasins.
Méthodologie
Classement des librairies
Ce classement est établi sur la base du chiffre d’affaires hors taxes réalisé par chaque librairie dans la vente de livres (hors papeterie, disques…). Livres Hebdo a envoyé un questionnaire détaillé à 1 000 librairies françaises, sélectionnées à partir de la nomenclature APE (code 4761Z), afin de collecter les informations nécessaires à leur classement. Pour les librairies qui n’ont pas répondu, les informations financières ont été recueillies auprès des greffes des tribunaux de commerce. Une sélection a ensuite été effectuée par la rédaction afin de ne conserver que les entreprises dont l’activité est consacrée pour une part significative à la vente de livres. Pour les sociétés dont les chiffres proviennent des greffes des tribunaux, seules celles pour lesquelles nous avons pu estimer la part du chiffre d’affaires réalisée avec le livre ont été retenues. Le CA mentionné est celui du dernier exercice, 2014, ou 2013-2014 pour les librairies qui arrêtent leur exercice en cours d’année, voire 2014-2015 pour certaines qui l’ont arrêté avant le 31 mars.
Classement des chaînes
Livres Hebdo présente également un classement des chaînes de librairies sur les mêmes critères que précédemment (CA hors taxes dans la vente de livres). Ce classement a été réalisé à partir d’un questionnaire envoyé à chaque groupe. Certains n’ont pas souhaité répondre, mais pour les plus importants d’entre eux nous avons pu estimer leur CA livre. Les CA retenus pour le classement concernent l’exercice 2014.