La maison d’édition associative, basée à Montpellier et créée en 1989, était à cours de trésorerie mais pas d’idées. Son catalogue de 85 titres compile dans sa collection Bibliothèque GayKitschCamp aussi bien des récits érotiques de la belle époque que des recueils de caricatures, des romans anciens que des pamphlets homophobes, ou encore une enquête parue l’an dernier, Scripts et sexualité : de la théorie à la pratique et retour.
« C’est une petite niche » nous avoue Patrick Cardon, créateur de la maison et auteur de deux livres sur l’homosexualité parus aux éditions Orizons. Les 4000 euros collectés vont permettre de renouveler le parc informatique et financer l’impression de nouvelles publications, en plus de lever des subventions, conditionnées à une part de financement propre.
« Il y a une prise de conscience sur les études et la littérature homosexuelle » explique l’éditeur. L’université de Saint-Etienne organise d’ailleurs en mai un colloque sur l’homosexualité en littérature auquel il participera. Les questions de genre font leur entrée dans plusieurs universités françaises. Mais ce rayonnement ne suffit pas à financer la publication de livres sur le sujet. Les tirages sont limités. La distribution est essentiellement assurée par la vente en direct (l’éditeur dispose d’un fichier client de 5000 noms, y compris à l’étranger), quelques librairies spécialisées (Les mots à la bouche, Violette & co) et les Fnac.
Archives et études
« On édite des archives, des études » explique Patrick Cardon, à l’instar de M. Antinoüs et Mme Sapho de Luis d’Herdy, publié en 1899 ou Femmes lesbiennes de Berlin (1928) de Ruth Margarete Roellig. L’Association est riche de ses documents sur l’histoire homosexuelle. « S’il y avait un centre d’archives LGBT, on pourrait être la maison d’édition de cette institution » fait remarquer l’éditeur, alors que la création d’un tel organisme est en gestation.
Pour l’instant, la collection GayKitschCamp va s’enrichir de nouveaux titres, souvent des œuvres orphelines : La zone sotadique de Richard Francis Burton (1885), Au poiss’ d’or, Hôtel meublé d’Alec Scouffi (1929), trois romans de Max des Vignons (1929-1930), Ces messieurs du Sens interdit de Marilli de Saint-Yves, 1933) et Chez les mauvais garçons de Michel du Coglay (1937).