Pour un tombeau. Renouant avec une antique tradition littéraire, celle du « Tombeau », ouvrage collectif célébrant un seigneur, un écrivain ou simplement un être cher disparu, Gallimard consacre un hommage de ce genre à Philippe Sollers, dont on peine encore à croire qu'il est mort le 5 mai dernier. Tant sa place était vaste dans notre paysage intellectuel, qu'il a dominé à sa façon durant près d'un demi-siècle, avant de se mettre quelque peu en retrait. Emmené par Antoine Gallimard − qui reprend l'hommage, intime et émouvant, prononcé en ouverture de la cérémonie consacrée à Sollers en l'église Saint-Thomas-d'Aquin le 15 juin, où il célèbre son auteur qui avait « quelque chose [en lui] du moine-soldat » −, un cortège de vingt-six écrivains s'avance, afin de traiter de l'ami, de l'éditeur, de l'écrivain et de son œuvre. On relèvera quelques belles et justes formules, à propos de cet « Ulysse de Gironde » (Jean-Paul Enthoven), de cet « acrobate de la pensée » (Colette Fellous), du « plus vivant des écrivains » (Philippe Forest). Frédéric Beigbeder avance que « la mort de Sollers coïncide peut-être avec la fin du monde », d'un certain monde, en tout cas, et d'une certaine conception de l'intellectuel, de l'écrivain en son siècle. Quant à Bernard-Henri Lévy, il confie : « J'ai tout admiré en lui. » Les derniers mots reviennent à Josyane Savigneau, qui fut son interlocutrice privilégiée durant plus de trente ans, laquelle rappelle la formule préférée de Sollers : « pour vivre cachés, vivons heureux. » Il n'était pas tellement caché, mais il a sans doute été heureux. Ça s'appelle réussir sa vie.
Hommage à Philippe Sollers
Gallimard
Tirage: 2 500 ex.
Prix: 12 € ; 144 p.
ISBN: 9782073048028