Oser dire non, trouver le cran de s'opposer pour s'affirmer au nom de la justice ou simplement de la liberté d'être soi. Pour fêter ses 20 ans, la collection « Scripto » a sollicité huit auteurs pour écrire une nouvelle sur ce thème. Des auteurs pour la jeunesse, mais aussi des auteurs venus de la littérature pour adultes, comme Hugo Lindenberg, Prix du livre Inter pour Un jour ce sera vide. Il signe ici un texte fort sur les vertiges d'un premier amour, déployant une écriture poétique toujours à la frontière entre réel et imaginaire, un lieu où il excelle. Un élève drainant après lui « tous les excités du collège » à cause de son orientation sexuelle reçoit un billet doux. Un acte qui déclenche une inoubliable virée sur les toits de Paris et la décision de porter un vernis à ongles noir et onctueux comme « le pétrole, le réglisse, l'encre de seiche, la boue de la Mer morte ». Claire Castillon, elle, reste dans son sillon mais toujours avec talent. Une jeune fille s'apprête à se fourrer dans les bras d'un dirigeant bien plus mûr qu'elle, sauf qu'au dernier moment, elle trouve la force d'esquiver le prédateur. Elle a fini par ne plus voir que le grain de beauté un peu moche à la lisière de son col de chemise et ouf ! elle prend ses jambes à son cou.

Quant à Marion Muller-Colard, elle campe une prof de philo qui évoque devant ses élèves le procès d'Eichmann vu par Hannah Arendt et sa fameuse « banalité du mal ». Une invitation à désobéir chaque fois que c'est nécessaire. Salutaire !