"J’avais des éditeurs européens, en France, en Allemagne, en Italie. Underground Railroad a été publié en 44 langues et m’a permis de rencontrer des gens avec lesquels je n’avais jamais travaillé. J’ai pensé qu’il fallait en profiter parce que l’occasion ne se représenterait peut-être pas", a-t-il souligné, racontant que des pays comme le Danemark ou la Chine ont aussi acheté ses livres précédents. "La Chine a même acheté Ballades pour John Henry, un recueil d’essais sur New York", s’est-il étonné.
"Six questions sur sept sont politiques. Seuls les pays qui ont une population noire et ont eu une expérience coloniale ne me prennent pas pour un Afro-Américain et ne me demandent pas quel sera la prochaine action de Black lives matter. Mais les autres me posent des questions sur Trump. L’Histoire fait de l’ombre au roman", a-t-il commenté.
S’il a d’abord pensé que cette grande tournée promotionnelle allait l’empêcher d’écrire, il a constaté l'inverse: "Je suis écrivain et j’ai recommencé à écrire en Allemagne. C’est comme enseigner ou s’occuper des enfants, on se débrouille."
Son prochain roman en 2020 en France
Aux professionnels présents dans la salle, il a dévoilé qu’il avait rendu un roman à son éditeur cet été, qui devrait paraître en juillet 2019 aux Etats-Unis et au printemps 2020 en France chez Albin Michel selon son éditeur Francis Geffard, présent dans la salle. Basé sur une histoire vraie, ce roman met en scène deux enfants dans les années 1960, dans une maison de correction, où se pratiquent des abus sexuels et où meurent des adolescents. "Une histoire qui remonte le moral en ces temps difficiles", a-t-il commenté avec humour.
L’écrivain américain a mis l’accent sur son rapport aux éditeurs. "Ce que j’attends d’un éditeur, c’est un rapport comme celui que j’ai avec mon éditeur allemand ou mon éditeur néerlandais, c'est qu’il croie en mon travail et me suive, que j’écrive sur un zombie ou sur le pocker, des sujets qui a priori ne les intéressent pas." C’est pareil avec les libraires : "Ce sont toujours les mêmes libraires indépendants qui croient en moi depuis mes premiers livres."
"Depuis vingt ans, ma carrière est faite de hauts et de bas. L’ambition qu’on a pour un livre ne correspond pas toujours à l’accueil qu’il reçoit. Quand les lecteurs apprécient ce que vous avez voulu y mettre, c’est un plaisir immense", souligne Colson Whitehead, qui conclut: "Mais d’une certaine façon, je fais ce que j’ai toujours fait, écrire le meilleur livre possible en espérant qu’il plaise à l’éditeur et qu'il trouve son public."