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Comics : un rayon aux superpouvoirs

Wonder Women - Photo Urban Comics

Comics : un rayon aux superpouvoirs

Après une croissance de 275 % en dix ans, le marché de la BD américaine, qui se présentera pour la première fois avec l'ensemble des éditeurs impliqués, du 26 au 28 octobre au Comic Con de Paris, conserve du dynamisme et se met en quête de nouveaux lecteurs et de plus de diversité. _ par Marine Durand

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Par Marine Durand
Créé le 25.10.2018 à 11h57

Les cosplayers vont-ils investir en nombre la grande halle de la Villette ? Une semaine avant le 4e Comic Con de Paris, l'organisateur, Reed Pop, peut au moins se targuer d'avoir fédéré les éditeurs. Pour la première fois, tous les acteurs majeurs de la bande dessinée américaine en France exposent au « rendez-vous annuel de la pop culture », les 26, 27 et 28 octobre.

Même Urban Comics, deuxième éditeur du secteur avec 33,3 % de parts de marché, a renoncé à bouder la convention parisienne. « Il faut aller à la rencontre des publics, qui sont différents d'un salon à un autre », justifie Pôl Scorteccia, qui profite du Comic Con pour lancer en France la nouvelle collection de one shot, « DC Black Label », avec le titre Batman : white knight de Sean Murphy.

Pôl Scorteccia- Photo OLIVIER DION

Un marché de niche

L'ex-directeur éditorial du Lombard dirige depuis 2012 le label de comics de Média-Participations, qui talonne l'historique Panini (33,4 % de parts de marché). Panini et Urban Comics exploitent respectivement les séries des deux mastodontes américains Marvel et DC Comics, et règnent sur le lucratif paysage des super-héros US. A la rentrée, ce segment éditorial affiche d'ailleurs une croissance musclée : + 7,6 % en valeur (et 19,5 % de hausse en volume), tandis que le marché global, après des années de croissance (+ 275 % entre 2007 et 2016 selon GFK) se révèle en légère baisse (- 1,2 % en valeur). « Cette année, il y a eu six films inspirés de l'univers Marvel, qui ont dopé notre chiffre d'affaires », remarque Sébastien Dallain, directeur éditorial de Panini France, qui a cessé cette année la distribution de fascicules en kiosque pour se concentrer sur les librairies. Toujours prescriptrices, les aventures cinématographiques des personnages de comics, principaux ou secondaires, stimulent les ventes à des degrés divers. Face à Deadpool ou Avengers, les locomotives de l'éditeur, Black Panther, malgré un record au box-office, n'a pas vraiment transformé l'essai en librairie.

Sébastien Dallain- Photo PANINI

Tandis que les personnages patrimoniaux, de Spider-Man à Wolverine, occupent le top des ventes sur les douze derniers mois, la production « hors super-héros » marque un repli de presque 11 %, largement lié au tassement des ventes du phénomène hors norme The walking dead de Robert Kirkman. « Après plus de 5 millions de ventes et 30 albums, nous observons en 2018 un tassement assez logique, même si chaque nouveauté relance toute la série », note Thierry Mornet, responsable éditorial comics chez Delcourt, le 3e poids lourd (18,6 %) du secteur. « Pour un comics, la moyenne des ventes se situe à 3 000 exemplaires. N'oublions pas qu'il y a vingt ans, les bandes dessinées américaines se passaient quasiment sous le manteau ! » rappelle-t-il.

Thierry Mornet- Photo OLIVIER DION

Glénat Comics (2012), « Comics » aux Humanoïdes associés (2015), Bliss Comics (2016), ou encore le label « Hi Comics » de Bragelonne (2017)... Si le comics reste un marché de niche, il attire de nouveaux acteurs à vitesse grand V, attirés par les succès du rayon depuis six ans. Dernier éditeur à avoir succombé, Casterman a confié en mai à Basile Béguerie les rênes de sa nouvelle collection « Paperback ». « On devrait bientôt atteindre le sommet de la vague au niveau des ventes », prédit le libraire Kader Chaibi, à la tête de Comics Zone à Lyon, qui mise sur un « boom du comics indépendant ».

Case extraite de l'anthologie Je suis Black Panther.- Photo PANINI FRANCE

Women power

Fier outsider, Olivier Jalabert, qui développe depuis 2015 la ligne de Glénat Comics, revendique une « politique auteuriale ». « Après le succès de Lazarus, on a suivi le scénariste Greg Rucka sur Black Magick. Et en 2019, nous publierons sa série The old guard », indique-t-il. Même logique de côté de Delcourt, qui, « à l'exception de la licence Star wars », ne publie que des « auteurs créateurs, qui détiennent leurs droits sur leur production », explique Thierry Mornet. Pour l'an prochain, il annonce Buzzkill par Donny Cates et Mark Reznicek ou l'histoire d'« un homme qui développe des superpouvoirs uniquement quand il est ivre. On fait peu de super-héros, et il y a toujours un angle singulier. » L'éditeur « creuse le sillon » avec Mike Mignola, le père de Hellboy, et a obtenu de publier, six mois avant les Etats-Unis, Oblivion song, le nouvel opus de Robert Kirkman.

Car le succès du rayon comics donne du poids aux éditeurs français qui obtiennent des accords avec leur partenaire américain, autrefois inenvisageables. Ainsi Dargaud -(Média-Participations) a coédité avec DC Entertainment une histoire originale de Batman, en deux volumes, imaginée par Enrico Marini, troisième meilleure vente du rayon sur les douze derniers mois, derrière les tomes 28 et 29 de The walking dead.

Dans un écosystème encore très masculin, l'ensemble des éditeurs affiche comme objectif clair de toucher davantage les femmes. Olivier Jalabert, dont Lady Mechanika est le plus gros succès chez Glénat, en a fait sa marque de fabrique. Il mise beaucoup sur le personnage de blogueuse de Snotgirl, signé Bryan Lee O'Malley et Leslie Hung. « Aux Etats-Unis, 50 % des lecteurs de comics sont des lectrices. La croissance en France passera par les femmes. » Le programme de blockbusters attendu au cinéma, entre Wonder Woman 1984 en salle le 30 octobre et Captain Marvel sur grand écran en mars 2019, incarné par Brie Larson, devrait lui donner raison.

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