"Le droit d'auteur n'est pas soluble dans l'économie numérique », a lancé Aurélie Filippetti le 25 octobre dernier à la Société des gens de lettres. Une formule destinée à rassurer les auteurs, à la recherche d'un accord avec les éditeurs pour adapter le contrat d'édition au livre numérique. Aux éditeurs, qu'elle a qualifiés de "maîtres de la valeur", la ministre de la Culture et de la Communication a demandé "une conscience très claire de leur responsabilité vis-à-vis de l'auteur", et même une forme de solidarité.
Interrompues depuis le mois de juillet, les négociations en vue d'un nouveau "contrat d'édition à l'ère numérique" ont ainsi repris officiellement la semaine dernière sous l'impulsion de la ministre, qui souhaite un accord d'ici à la fin de l'année. Des points d'achoppement demeurent, notamment le montant de la rémunération. D'autres reviennent sur le devant de la scène comme la question de la durée de la cession. Mais auteurs et éditeurs savent bien qu'ils sont condamnés à s'entendre, chacun ayant intérêt à ce que décolle enfin le marché français du livre numérique.
Celui-ci bénéficie d'un soutien inattendu en la personne de Paul Veyne. L'éminent historien de l'Antiquité, auteur de nombreux ouvrages, ne jure plus que par son iPad. Il a mis tout l'enthousiasme de ses 82 ans à promouvoir l'ebook enrichi qu'Albin Michel a concocté à partir de son Musée imaginaire, paru il y a deux ans. Dans l'entretien qu'il nous a accordé, il loue avec l'enthousiasme du néophyte la qualité de l'image sur écran et sa luminosité, sans regretter l'odeur du papier. "Un livre sent généralement la vieille colle », assure-t-il.
Dans ce même numéro, un éditeur, Jean Arcache, patron de Place des éditeurs, la structure qui rassemble Belfond, les Presses de la Cité et Solar, explique qu'il se félicite d'avoir pris très tôt le virage d'Internet et du numérique en formant toutes ses équipes à ce nouveau média. Le livre numérique lui permet déjà de compenser la dépression que connaît aujourd'hui le marché traditionnel. Mais surtout, Internet lui offre la possibilité de faire son métier autrement, à partir des liens noués avec les lecteurs sur la Toile. Une autre façon de promouvoir la création... et les auteurs.