Croissez et multipliez. Sept ans après le merveilleux Colorama (Pépite du livre illustré au Salon du livre jeunesse de Montreuil en 2017), la grande Cruschiform revient avec un nouveau chef-d'œuvre, L'odyssée des graines. Bijou graphique, d'abord, tant le trait de l'artiste est fin et précis et la planche, élégante. Bijou poétique ensuite. Car chaque graine a un nom savant et un autre, librement inventé par Cruschiform selon ce que lui inspirent les formes et les couleurs de la graine. Ainsi la scabieuse est renommée « petit rat d'opéra » en raison d'une sorte de tutu qu'elle porte. Le lotus sacré, lui, est baptisé « belle endormie » et la châtaigne d'eau, qui ressemble à une tête de bélier, « effrayante aquatique ». Enfin, l'album est un bel hommage à la biodiversité. On n'imagine pas les stratégies dont sont capables pour survivre et se reproduire celles qui sont encapsulées dans des baies charnues ou des gousses. La plupart font des alliances. Soit avec le vent, comme la monnaie-du-pape ou le tilleul, soit avec l'eau, comme le lotus sacré. Certaines font un pacte avec les oiseaux ou encore les fourmis. Échange modeste transport contre grande gourmandise. D'autres aiment le feu ou du moins s'adaptent à lui. Ainsi l'eucalyptus est presque un pyromane avec les huiles inflammables qu'il dégage. D'autres encore, plus fainéantes, se laissent simplement tomber au sol comme le petit pois ou la lentille. Sources d'émerveillement illimité, les graines sont parfois capables de records inouïs. Le cœur de la mer, sorte de haricot géant, peut dériver jusqu'à 20 000 km de ses côtes originelles. Quant au coco-fesses, il peut peser jusqu'à 20 kg. Qui dit mieux ?
L'odyssée des graines
Gallimard Jeunesse
Tirage: 12 000 ex.
Prix: 27 € ; 152 p.
ISBN: 9782075135566