7 mai > BD France

Dessinateur rare au trait rêveur et poétique, François Olislaeger se réserve pour des projets atypiques depuis Echoesland, hommage subtil et décalé au Little Nemo de Winsor McCay (avec Pauline Fondevila, Denoël Graphic, 2005). Mathilde est né d’une rencontre provoquée, en 2008 au Festival d’Avignon, avec Mathilde Monnier, directrice du Centre chorégraphique national de Montpellier. Le dessinateur souhaitait danser aux côtés de la chorégraphe. Celle-ci ayant bouclé ses castings, la collaboration des deux artistes s’oriente vers un livre. Il s’agit à la fois d’un portrait de Mathilde Monnier, d’une méditation sur ses méthodes et sur la création chorégraphique et scénographique, et d’une réinterprétation graphique d’une demi-douzaine de ses pièces. Ces dernières, moments privilégiés sous les projecteurs, sont traitées par le dessinateur comme des oasis colorées émergeant d’un parcours construit essentiellement en noir et blanc, auquel elles apportent rythme et repères.

La source média référencée est manquante et doit être réintégrée.

Mathilde retrace les débuts de la danseuse, son séjour à New York pour les classes de Merce Cunningham, lorsque se noue la collaboration avec Jean-François Duroure pour Pudique acide-extasis. « On mettait en scène notre relation faite de haines et de passions », se souvient-elle. Viennent ensuite L’atelier en pièces, travaillé avec une autiste, et Déroutes, « ma pièce la plus radicale », échos d’une enfance au Maroc et de l’enfance tout court. Pour La place du singe, conçue avec Christine Angot, il s’agit aussi de « retomber en enfance et se l’autoriser ». L’ouvrage évoque enfin 2008 vallée, créée avec Philippe Katerine - « l’espionnage, la bagarre » - et Pavlova 3’23, « une errance dans l’espace, une mort après l’autre ».

A propos de son travail avec Christine Angot, Mathilde Monnier dit avoir souhaité « travailler sur un texte, en chercher le sens par le mouvement » : « Comme je peux le faire avec le dessin », lui répond François Olislaeger. Réflexion universelle sur le processus de création, Mathilde s’impose en effet comme une chorégraphie. Une danse des sons et des silences, de l’espace et du mouvement, de la lumière et de l’obscurité, des corps et des objets.Fabrice Piault

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