Il n'y a pas d'écrivain dans le jury du Festival de Cannes cette année. Au cours des dix dernières années, cela ne s'était produit qu'en 2006. En 1966, sur les quatorze membres du jury, on en comptait sept, dont Jean Giono, Marcel Pagnol, Maurice Genevoix, André Maurois...
Vu les oeuvres en compétition dans cette 65e édition, on peut pourtant se demander ce que serait le cinéma sans les écrivains. Jack Kerouac, Don DeLillo, François Mauriac, Jean Anouilh, Yukio Mishima, Alfred de Musset, et bien d'autres seront en vedette sur la Croisette à travers les adaptations de leurs oeuvres... Espérons qu'en retour le cinéma donnera aux spectateurs l'envie de prolonger leur plaisir en librairie, comme c'est le plus souvent le cas. Déjà, on peut parier que le film de Walter Salles va relancer la lecture de Sur la route et faire redécouvrir Kerouac un peu partout dans le monde. Une actualité qui sert également les éditeurs spécialisés dans le cinéma comme le montre notre dossier. La librairie a bien besoin de ce coup de pouce du 7e art, alors qu'elle est à la peine depuis le début de l'année.
Dans le rôle de Dark Vador, Amazon semble se jouer de la crise et avoir plus que jamais choisi le côté obscur de la force (de vente). Le site marchand communique le moins possible sur ses résultats et interdit désormais aux instituts de sondage d'intégrer ses données dans les statistiques du circuit de la vente en ligne, de peur qu'elles soient trop identifiables...
En 2000, lorsque Amazon.fr a débarqué en France, le commerce en ligne représentait moins de 0,5 % du marché du livre. Et déjà, Jeff Bezos, le P-DG de la firme de Seattle, expliquait : "Nous voulons donner le moins d'informations possible car nous pensons être les meilleurs du commerce électronique et nous ne voulons pas donner d'avantages à la concurrence. » Désormais, Amazon réalise à lui seul, en France, selon les distributeurs, près de 10 % des ventes de livres totales. Il pèse d'un poids grandissant sur un secteur qu'il déstabilise chaque année davantage, comme nous le démontrons dans notre "Evénement". C'est avec inquiétude que les éditeurs, soupçonnés par Bruxelles d'entente illicite sur les prix des livres numériques, attendent ces jours-ci la décision de la Commission. La Force risque d'être encore une fois du côté d'Amazon.