"C’est un nuage qui m’accueille." La première phrase du roman de David Lopez, à paraître le 18 août au Seuil, annonce une atmosphère où le spliff est roi. Pour son premier roman, l’auteur dépeint la vie quotidienne d’une bande d’amis d’un quartier dit "rurbain" situé –sinon oublié– entre banlieue et campagne. Pour Jonas et ses copains, la vie se résume à rouler des joints, fumer, jouer aux cartes, tchatcher, parfois boxer à la salle de sports ou se rendre en soirées. Les vies tournent en rond dans ce fief en huis clôt, où
"réussir c’est trahir", comme interpelle une phrase du roman.
Ce premier texte est
"très clairement issu de l’expérience", rapporte l’auteur interviewé par
Livres Hebdo.
"Les portraits sont largement inspirés de gens que j’ai fréquentés, à côté de qui j’ai grandi", affirme-t-il, tout en précisant que
"le livre ne porte rien de revendicatif". La revendication est ailleurs, du côté de la création littéraire. Dans son
avant-critique pour Livres Hebdo, Sean J. Rose loue la performance du primo-romancier, au
"style puissant, d’une truculence argotique, à la syntaxe heurtée, au rythme syncopé qui vous emporte tel l’enivrant flow d’une chanson de rap doublée d’un formidable sens du portrait".
Du rap à la prose
Quand il parle d’écriture, David Lopez revient sur son amour de jeunesse:
"A partir de 14 ans, mon rapport a l’écriture s’est cristallisé sur le rap. J’ai écrit un nombre innombrable de textes", s’amuse-t-il à raconter.
Son intérêt pour la prose se révèle alors qu’il intègre le Master Création littéraire de l’université Paris 8 en 2013, où Olivia Rosenthal (Verticales) et Vincent Message (Seuil) l’accompagnent pleinement dans son travail. Entre les deux années du Master, il débute l’écriture de
Fief presque sans s’en rendre compte:
"En première année, j’écrivais un autre livre, qui comportait tous les défauts dont je devais me défaire. Ce qui était le 8e chapitre de mon livre est devenu le 1er de Fief
", se souvient-il.
Alors que l’auteur travaille à un deuxième roman porté sur l’itinérance,
Fief fait partie des 10 premiers romans de la rentrée littéraire sélectionnés pour le prix Stanislas, qui sera annoncé le 29 août et décerné le 9 septembre à l’occasion du festival Livre sur la Place à Nancy.