Tout a commencé fin 1991, quand Lagardère a pris la décision, sous la pression du Crédit lyonnais, l’un de ses actionnaires, de vendre le siège historique d’Hachette à l’angle des boulevards Saint-Germain et Saint-Michel, soit une superficie de 14 700 m2. Trois ans plus tard, le 21 juillet 1995, le groupe quittait avec ses 600 salariés Saint-Germain-des-Prés pour le quai de Grenelle, dans le lointain et bien moins emblématique 15e arrondissement.
Aujourd’hui, le groupe Hachette franchit le périphérique pour Vanves, sur 20 000 m2. Mais vingt ans après avoir quitté le 6e arrondissement, c’est dans ses propres murs que va s’installer le premier groupe français. L’immeuble a été conçu sur mesure et pour coller à l’image que le groupe souhaite donner d’une entreprise d’édition du XXIe siècle, "calme et solide", selon l’architecte Jacques Ferrier. Le P-DG du groupe, Arnaud Nourry, y voit un message de confiance et un symbole de sérénité face à l’avenir : "Je dis que le livre est une des créations les plus précieuses de l’humanité et que nous lutterons pied à pied pour que l’essentiel soit préservé", a-t-il soutenu en l’inaugurant.
Après Hachette, les Presses de la Cité, Plon, puis le Seuil ont à leur tour quitté le 6e arrondissement, précédant de quelques années la fermeture de la librairie La Hune, programmée pour le mois de juin, dont nous retraçons l’historique dans ce numéro. Incarnant comme ces grandes maisons d’édition l’esprit de Saint-Germain-des-Prés, elle laissera nostalgiques les lecteurs de plus de 60 ans.
Désormais, les flâneries littéraires entraînent les autres plutôt du côté de Bastille ou de Belleville où se créent chaque année de nouvelles librairies et de nouvelles maisons d’édition. Le Quartier latin s’est excentré. Avec l’installation d’Hachette à Vanves, du Seuil et de Bayard du côté de Montrouge, le monde du livre irradie dans tout Paris, et même au-delà.
L’après-Saint-Germain-des-Prés s’écrit aussi à Belleville et à Vanves.
