JE CRÉE MA LIBRAIRIE (2)

Le quartier de Bordeaux-Bastide, sur la rive droite de la Garonne, serait potentiellement un endroit idéal pour le projet de Martin Peix et Ingrid Lafon.- Photo DR

Imaginé, rêvé, fantasmé, un projet de librairie correspond rarement au résultat final. Localisation, emplacement et loyers, moyens financiers, clientèle et concurrence font bouger les lignes et réorientent les projets initiaux. Martin Peix et Ingrid Lafon, nos jeunes entrepreneurs, ne font pas exception. Mis sur les rails à l'automne 2010 par une tentative, avortée, de reprise de librairie dans la périphérie de Bordeaux, ils décident d'élaborer un premier projet de librairie "idéale », couché sur le papier un an plus tard. Implantée dans une petite ville ou un gros village du sud de la France, afin de "contribuer à son développement et à son rayonnement culturel", elle occuperait 80 m2 et présenterait 10 000 titres. Ils souhaitent "sans en faire une spécialisation exclusive, proposer majoritairement des histoires, du premier âge à l'âge adulte, et représenter, aux yeux de [leurs] clients, deux passeurs d'histoires passionnés et ouverts, qui jamais ne jugent ». Une offre de régionalisme, estimée incontournable, est également envisagée, le tout complété par un "espace de convivialité pour profiter d'une boisson chaude ».

Martin Peix et Ingrid Lafon.- Photo DR

Mais dès octobre, aiguillés notamment par Audrey Rupp, déléguée de l'association régionale Librairies atlantiques, qui "y croit dur comme fer », ils ciblent le quartier de Bordeaux-Bastide, sur la rive droite de la Garonne, populaire, en plein développement et vierge de toute librairie. Leur projet se doit alors d'être plus "ambitieux ». Avec l'aide d'Eric Lafraise, chef de produit littérature chez Cultura qui a commencé sa carrière en librairie indépendante, ils retravaillent leur offre, l'élargissant notamment au pratique, aux beaux-arts et à l'actualité tout en favorisant la présence du fonds et de niches peu exploitées. Après divers dessins et calculs qui intègrent notamment le CA vital, la volumétrie de chaque rayon et sa mise en scène, et qui rendent le projet "de plus en plus concret », les premiers chiffres tombent : 13 000 références et 120 m2 sont nécessaires pour assurer un CA de 350 000 euros. Sollicité, Michel Ollendorff valide et attire l'attention des deux libraires sur le fonds de roulement, qui doit osciller autour de 35 000 euros. Fort de ces données, un premier prévisionnel s'esquisse. Il reste alors aux libraires à s'atteler à l'élément décisif pour la suite : la recherche d'un local.

(1) Le premier épisode « Je crée ma librairie" a été publié dans LH 891 du 6.1.2012, p.59.

13.02 2015

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