Laurent de Brunhoff, auteur et illustrateur français qui avait repris avec succès le flambeau des aventures du célèbre éléphant Babar, est « décédé vendredi 22 mars à son domicile de Key West, en Floride » a rapporté le New York Times. Son épouse, Phyllis Rose a évoqué des « complications après un accident vasculaire cérébral » (AVC).
Trois jours auparavant, Phyllis Rose avait posté sur Instagram une peinture réalisée fin février et représentant Laurent de Brunhoff, aux côtés de son infirmière. « Peu de temps après, Laurent a eu un mini-AVC » et son état « s'est rapidement dégradé », avait-elle écrit, ajoutant que l’auteur était « en soins palliatifs, à la maison, dormant presque tout le temps, aussi doux, calme et adorable qu'il l'a été toute sa vie ».
Le succès en héritage
« Dans la grande forêt, un petit éléphant est né. Il s'appelle Babar », écrivait en 1931 Jean de Brunhoff, le père de Laurent. Car c’est bien lui et son épouse Cécile qui ont imaginé le pachyderme adoré des enfants, dont les histoires se sont vendues à des millions d’exemplaires, notamment aux États-Unis. Cécile aimait raconter à ses garçons, Laurent et Mathieu, les aventures d’un éléphant, dont la maman avait été tuée par un chasseur, et qui devint roi. Inspiré par ces récits, son mari, qui était peintre, mit donc en images certaines scènes puis en fit un livre. Éditées en 1931 aux éditeurs du Jardin des Modes, avant que la collection ne rejoigne Hachette Jeunesse cinq ans plus tard, les aventures de Babar rencontrèrent un succès immédiat.
Au total, Jean Brunhoff a réalisé sept albums avant de mourir de la tuberculose en 1937. Son frère, Michel, qui dirigeait alors l’édition française de Vogue, assume l’intérim jusqu’en 1946, date à laquelle Laurent de Brunhoff reprend le flambeau avec Babar et ce coquin d’Arthur. « Il existait alors très peu de livres pour les enfants. L'imagination et la poésie de mon père étaient (nouvelles) ainsi que sa façon de dessiner, ni stylisée, ni réaliste (…), a raconté, 40 ans après, l’auteur de plus d’une vingtaine d’albums, traduits dans des dizaines de langues. « Continuer Babar, c’était prolonger la vie de mon père ».
Un héros transgénérationnel
S’il avait suivi des études de peinture, Laurent de Brunhoff a surtout observé le travail de son père sur Babar. Il lui est d’ailleurs resté fidèle en favorisant les explosions de couleurs et en maintenant le grand format, une grande nouveauté pour les albums à destination de la jeunesse.
Babar et ce coquin d’Arthur, La fête de Célestville, Babar sur la planète molle ou encore Babar à Paris (2017) … Les albums signés Laurent de Brunhoff ont marqué l’enfance des baby-boomers, comme celles de leurs enfants et petits-enfants. Autant de générations réunies autour de la « Chanson des mammouths » et qui ont découvert certains des 500 objets dérivés de la saga, du cartable à la parure de lit. Héros de plusieurs expositions, l’éléphant Babar a même été mis en musique par Francis Poulenc en 1945, mais aussi en jeux de société, en images ou en disques.
Et la saga n’est pas près de disparaître. Disponibles sur les plateformes de streaming, en 3D, les aventures de « Badou », petit-fils de Babar continuent de séduire le jeune public. Tandis que des planches originales du pachyderme, dont avait fait don Laurent de Brunhoff, sont à retrouver à la Morgan Library de New-York ainsi qu’à la Bibliothèque nationale de France.