Dix des douze membres du Haut-Comité des commémorations nationales ont annoncé leur démission collective dans une lettre ouverte, mercredi 21 mars. Ce coup d'éclat fait suite à la décision de Françoise Nyssen, le
28 janvier, de retirer Charles Maurras du
Livre des commémorations nationales 2018, après des protestations d'associations antiracistes.
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La décision que vous avez prise de retirer le nom de Charles Maurras de la longue liste de faits mémorables établie par notre Haut-Comité au titre de l’année 2018 – après l’avoir d’abord ratifiée par une préface élogieuse – et d’interrompre la diffusion du Livre des commémorations nationales
nous rend impossible, à notre plus vif regret, de continuer de siéger dans cette instance […] avec, en permanence, la menace soit de la censure soit de l’autocensure", ont écrit les démissionnaires dans leur lettre ouverte à Françoise Nyssen, dont l'AFP a obtenu une copie.
"Commémorer, ce n'est pas célébrer"
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La polémique qui s’en est suivie et la réaction qu’elle a entraînée de votre part nous portent à croire qu’à l’avenir de tels incidents risquent de se reproduire", ont-ils mis aussi en garde.
Parmi les membres du Haut-Comité qui ont démissionné figurent notamment l'historien et ancien ministre Jean-Noël Jeanneney et l'historien Pascal Ory, spécialiste de la Collaboration durant l'Occupation. Les deux hommes avaient signé une tribune dans
Le Monde dans laquelle ils estimaient que "
commémorer, ce n'est pas célébrer".
Seule la présidente du Haut-Comité, l'académicienne Danielle Sallenave, et Catherine Bréchignac, secrétaire perpétuelle de l'Académie des sciences, n'ont pas fait part de leur démission. Danielle Sallenave a été chargée par Françoise Nyssen de "
piloter une réflexion" sur l'avenir de cette instance.