Passé sombre. « Ce n'est pas difficile de deviner que cet homme est votre père. Vous avez le même regard. » Lorsqu'on naît orphelin, il peut être compliqué de connaître son histoire et de se construire au-delà de son héritage culturel. Sur le modèle narratif des mythes, où des schémas familiaux complexes conduisent les personnages à leur perte, ce roman met en scène une figure contemporaine, Léon, un homme de 70 ans né dans l'après-guerre et laissé alors à sa seule mère. Léon, qui n'a jamais connu son père, proxénète pour les nazis, marche sans le savoir sur les traces de celui-ci. Et réserve un sort similaire à certains de ses enfants, qui naîtront sans père. Découpé en chapitres qui couvrent quasiment chacun une année de 1944 à 2019, Évreux est une histoire de famille, mais aussi celle d'une zone marquée par la collaboration française avec l'Allemagne nazie. Comment rompre un schéma familial ? Faire la lumière sur sa propre histoire et éclairer alors les mystères de la grande histoire ?

Ainsi, au fil de plusieurs trames, évoluent des personnages de différentes générations reliés par une histoire commune. Ils finiront par se retrouver, tisser des liens ou les rompre définitivement. Scénariste et réalisateur (Mes enfants ne sont pas comme les autres, Vanishing), Denis Dercourt signe ici un premier roman bien ficelé et à l'humeur noire aussi dérangeante que nécessaire à la traduction d'une sombre période de l'histoire et de ses conséquences sur les générations suivantes.