Né le 5 novembre 1965 et disparu accidentellement le 23 juin 2010, Renaud Burel a partagé sa vie entre écriture et image. Il a été écrivain public, réalisateur vidéo, monteur, correcteur. De lui, Allia publie un court texte abrasif, Château-Rouge Hôtel. Comme l’auteur, le narrateur se prénomme Renaud. Voici un type de 40 ans qui a eu maille à partir avec les femmes et qui a surnagé grâce à l’alcool. Ses bars de prédilection sont le Tambour et le Corona, au cœur de Ménilmontant. Il y croise le Torero sur lequel il est d’abord tombé à « une sorte de bal sous ecstasy ». Un Torero qui lui donne du « Géant Vert » à cause des boîtes de maïs qu’il ingurgite.
Notre homme commence par carburer au pastis. Il essaye d’écrire « une phrase, un poème, même une réponse à une annonce d’emploi, n’importe quoi ». Se rend à une fête avec sa « teillebou ». S’y laisse aller. Se réveille « la tête dans le cul ». File commander un double express et un cognac. Renaud n’a plus « une thune », sent qu’il va « péter les plombs » s’il n’avale pas quelques Valium. Heureusement qu’Inès, qu’il a connue à la fête, semble bien disposée à son égard. Et se montre prête à ouvrir son porte-monnaie et à partager un ti-punch avec ce « naufragé de l’amour » en écoutant les Talking Heads.
A la fin de la journée, toujours chez la demoiselle, monsieur est « raide d’équerre », ses pensées partent dans « tous les sens ». Plus tard, le jour de son anniversaire, il se trouve au comptoir du Chat noir devant un bloody mary. Une « nana » lui lance : « Tu es kéblo. Tu dois t’libérer. Décolle un peu, envole-toi, faut laisser couler. » Pour cela, rien ne vaut une virée au cirque Romanès, une autre chez Leader Price afin d’acheter « un cubi de cinq litres de zéro », soit du cabernet rosé. Médusé, le lecteur accompagne Renaud dans ses dérives, partage ses souvenirs de séjours en HP, ses rencontres et ses hallucinations. Apprend à suivre le rythme d’un Renaud qui affirme : « Si tous les gars du monde connaissaient la vérité des femmes, ils regarderaient plus clairement l’avenir. » Dont acte. Al. F.
