On y découvre notamment les registres de la Gestapo, des rapports, des photographies et bulletins de renseignement. On peut y reconnaître des noms de personnalités qui avaient attiré l’attention des services de surveillance allemands, parmi lesquels Yves Montand, Coco Chanel ou encore Joséphine Baker. Etait présentée également une lettre de Geneviève de Gaulle adressée à son illustre oncle, le Général, datée du 6 mai 1943.
500 mètres de linéaires
Cet ensemble, qui totalise 500 mètres linéaires, constitue un témoignage unique sur l’activité de plusieurs services de renseignement et de contre-espionnage entre 1930 et 1945. Actuellement, seule une petite moitié est classée et identifiée car le travail d’inventaire à accomplir est colossal.
Ce fonds réservait en effet une surprise de taille aux archivistes du SHD: lors du versement de ces archives, détenues dans une pièce cadenassée du château de Vincennes, ces derniers ont découvert une centaine de cartons non identifiés, avec à l’intérieur des dossiers dont toutes les pièces avaient été à dessein mélangées par les services de la DGSE, selon une logique connue d’eux seuls. "L’objectif était clairement de faire en sorte que ces documents ne soient pas exploitables si jamais ils tombaient entre des mains ennemies", explique avec un sourire Frédéric Queguineur, responsable des archives des services spéciaux de la Seconde Guerre mondiale.
Les archivistes se retrouvent donc aujourd’hui devant un gigantesque puzzle à réassembler. Les documents ont aussi donné lieu à la publication d’un numéro spécial du magazine Les Chemins de la mémoire, édité par la Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives du ministère de la Défense.
Réalisée par un collectif de spécialistes et d’historiens, cette revue propose une immersion dans ces archives uniques, organisée en grandes thématiques telles que Les services spéciaux dans la guerre, résistants et agents de la France libre, Allemands, auxiliaires et collabos, la répression de la résistance.
Les archives inventoriées sont mises progressivement en consultation au service des archives pour les chercheurs mais également le grand public. "Nous recevons régulièrement des particuliers qui souhaitent retracer leur histoire familiale", confirme Hélène Servant, chef du centre historique des archives.