Des bibliothécaires ouvreurs de portes

Atelier radio à la médiathèque de Blois. - Photo Médiathèque de Blois

Des bibliothécaires ouvreurs de portes

Si les nouveaux défis de la profession effraient certains bibliothécaires, beaucoup y voient l’opportunité de réinventer leurs établissements en y menant des projets inédits.

J’achète l’article 1.5 €

Par Michel Combe
avec Créé le 10.06.2016 à 02h30

"C’est justement parce que la profession est en train de muter et qu’elle est complètement bouleversée que j’ai eu envie de changer de carrière et de me lancer dans le métier de bibliothécaire", s’exclame Delphine Rosier. La jeune femme a décidé de plaquer son métier de chargée de mission dans l’événementiel pour redevenir étudiante et préparer un DUT Métiers du livre et du patrimoine. Loin d’aborder la profession avec l’anxiété de certains de leurs pairs en poste depuis plus longtemps, les bibliothécaires de la nouvelle génération appréhendent avec sérénité les nouveaux défis d’un métier en pleine métamorphose.

Des livres et des fab labs

Hadrien Sayf, bibliothécaire à la médiathèque de Blois depuis 2009, a vu dans ce métier un bon moyen de concilier son goût des livres et des nouvelles technologies. "Je suis un passionné de nouvelles technologies, de création numérique et des questions liées à la protection de notre vie privée sur Internet, raconte le jeune homme. A mon arrivée ici, j’ai proposé des ateliers numériques, car je considère qu’une bibliothèque ne doit pas être un musée de livres. Bien sûr, je suis triste quand on met aux archives tout un rayon de poésie parce qu’il ne sort jamais, mais si c’est pour installer des imprimantes 3D et mettre en place un fab lab au sein de l’établissement, alors c’est un mal pour un bien."

Puiser dans les compétences extraprofessionnelles de chaque bibliothécaire est l’une des clefs brandies par Xavier Galaup, président de l’Association des bibliothécaires de France (ABF), pour repenser les établissements, mais aussi plus largement les contours de la profession. "Dans ce contexte où la bibliothèque devient un lieu multifonctionnel, où des actions culturelles diverses doivent être menées pour donner envie aux gens d’entrer ici, c’est aussi une belle occasion de permettre aux bibliothécaires d’exploiter leurs talents, artistiques ou sportifs, et de devenir de véritables acteurs de la vie des établissements, estime- t-il. Face au malaise, c’est aussi une manière de revaloriser le travail, qui devient alors beaucoup plus créatif."

Observer pour innover

Loin d’être une nouvelle recrue dans l’univers de la bibliothèque, Isabelle Vazard, la directrice de la médiathèque de Condé-sur-Noireau, vingt ans de métier, s’enthousiasme des mutations de son secteur sans une once de nostalgie. "Aujourd’hui, explique-t-elle, mon travail, c’est d’observer. Il s’agit de repérer ces groupes de jeunes qui viennent à la bibliothèque pour travailler sur un projet de lancement d’une entreprise, de voir qu’un groupe de mamies vient ici pour tricoter ensemble. Puis d’essayer d’adapter les lieux à ces rencontres." Et la culture dans tout ça ? "Cela reste notre mission principale, rétorque Isabelle Vazard, mais lorsque j’entends des gens demander si l’entrée de la médiathèque est payante, alors je me dis qu’il faut ouvrir encore plus les portes, sinon tout notre travail ne servira à rien."

10.06 2016

Les dernières
actualités