Littéraire, scolaire et, cette année, politique... La rentrée 2011 promet au monde du livre un triple bonheur qu'il aurait tort de bouder en ces temps de crise économique et financière. Certes, parfois de pure forme, rédigés par d'autres que leur signataire, fortement tributaires de l'actualité, les livres politiques ont mauvaise presse. Interrogée par Livres Hebdo, une libraire de Saint-Quentin, dans l'Aisne, estime carrément que "ces livres ne font pas l'honneur de la profession". La demande existe néanmoins. Certains titres atteignent un score appréciable. Aussi les tient-elle tout de même en rayon, comme ses confrères. "Le bonheur naît du malheur", disait Lao Tseu. Et comme le pointe un autre proverbe chinois : "Pourquoi se jeter à l'eau avant que la barque n'ait chaviré ?"
En Chine d'ailleurs, en dépit des obstacles et des incertitudes liés à la désorganisation persistante du marché du livre et aux réticences de l'Etat à abandonner son contrôle maintenu sur le secteur, la barque de l'édition française tient parfaitement la mer. Manifestant curiosité et ouverture depuis plusieurs années, les éditeurs chinois affichent aussi un professionnalisme croissant. Les responsables de droits et les éditeurs français sont désormais plusieurs dizaines à faire régulièrement le voyage de Pékin et à travailler sur la durée dans la future première puissance mondiale. Avec sans doute en tête l'avertissement de Confucius : "L'homme qui ne médite ou ne prévoit pas les choses éloignées doit éprouver un chagrin prochain."
Patrice Rötig, lui, n'avait pas prévu qu'il deviendrait éditeur lorsqu'il s'est ancré, il y a trente-quatre ans, au bourg de Saint-Pourçain-sur-Sioule (5 363 habitants), dans l'Allier. Mais Bleu autour, qu'il a créée en 1997, est devenue une petite maison d'édition reconnue, avec laquelle il explore des horizons rêvés depuis une enfance à Istanbul. Ce franc-tireur inaugure une série de portraits que Livres Hebdo publiera pendant six semaines. Tous de "drôles d'éditeurs".
