Débat

Pour, Pierre emmanuel Roger, responsable du pôle Image, librairie Mollat, Bordeaux

> Nous avons créé un rayon DVD mi-juillet car nous savions que Virgin allait fermer. Il était hors de question de s’implanter avant sur cette scène qui n’était pas la nôtre. Nous avons fait une offre pour les clients qui allaient se reporter sur notre magasin, différente de celle des grandes surfaces culturelles, avec un recentrage que nos clients habituels apprécieraient de trouver chez leur libraire. Une demande existait de la part d’une clientèle plutôt cultivée, toujours désireuse de découvrir ou de revoir des films, avec un conseil personnalisé. Nous ne pouvions pas laisser passer cette opportunité. Nos clients habituels sont ravis, et nous avons capté une nouvelle clientèle, heureuse de retrouver des repères. Notre choix de films anciens et récents est presque subjectif, de cinéphilie, car nous avons des libraires passionnés de cinéma, qui souhaitaient depuis longtemps déjà tenir un rayon DVD. Nous avons démarré avec 1 200 références et nous étoffons l’offre face au succès. Le rayon est ouvert sur la librairie et nous avons l’intention de jouer le jeu des thématiques, pour donner envie et proposer des liens avec les livres, comme nous le faisons avec les disques, car ce sont des produits très complémentaires. Nous allons aussi prévoir des animations. Sans oublier notre cœur de métier, qui est le livre. <

Contre, Olivier Dumont, directeur de la librairie Doucet, Le Mans

> Ce n’est pas mon métier en termes d’expertise et de conseil. Je ne sais pas d’ailleurs s’il y a matière à expertise, hormis la sélection d’un catalogue. Le DVD, ce n’est pas le même process que le livre. La chaîne du livre peut être compliquée, mais elle est organisée. On peut avoir ce que l’on veut en France, dans un délai acceptable même s’il est toujours trop long, on peut avoir les informations à l’avance, lire en amont… Et donc apporter une réelle valeur ajoutée. Dans la chaîne du livre, il est possible d’avoir une vision large et surtout d’anticiper et de sentir venir des œuvres auxquelles nous allons nous attacher. Ce n’est pas du tout le cas dans le monde du DVD, où la diffusion est très atomisée. Sur ce support culturel, il n’y a pas matière à ce qu’un tiers indépendant puisse réellement se différencier. C’est un produit culturel, certes, mais nous, libraires, ne sommes légitimes que sur nos domaines d’expertise. Et l’évolution de la pression concurrentielle ne saurait en aucune manière conduire à la modification du périmètre d’une librairie sur sa zone de chalandise si elle n’a pas de légitimité dans le domaine. En revanche, en ce qui concerne les supports matériels du livre numérique en magasin, les libraires ont un vecteur de différenciation : ils pourraient davantage appuyer leur apport légitime, qui est d’aimer les textes et de les conseiller. <

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