Les bibliothèques du Conseil scolaire catholique Providence, qui regroupe 30 écoles francophones dans tout le Sud-Ouest de l’Ontario (Canada), ont détruit près de 5000 livres jeunesse parlant des Autochtones dans un but de réconciliation avec les Premières Nations, relate Radio-Canada.
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Une cérémonie de purification par la flamme s’est tenue en 2019 afin de brûler une trentaine de livres bannis, dans un but éducatif. Les cendres ont servi comme engrais pour planter un arbre et ainsi tourner du négatif en positif" explique
le site média. Si le philosophe spécialiste de l’éducation
Normand Baillargeon confirme qu'il est temps "
de repenser ce que l'on enseigne sur l'Histoire autochtone", il s'offusque de la méthode : "
que l’on brûle des livres me semble extrêmement troublant, ça a des relents historiques que je n’aime pas du tout".
Des cérémonies semblables devaient se tenir dans chacune des écoles. La pandémie a retardé ce projet d'autodafé. "
Ces livres ont été recyclés ou sont en voie de l’être, explique la porte-parole du Conseil scolaire Lyne Cossette à Radio-Canada. Elle ajoute que les ouvrages retirés des bibliothèques avaient "
un contenu désuet et inapproprié". Au total, 155 œuvres différentes ont été retirées et 193 sont en cours d'évaluation. 4716 livres ont ainsi disparu des 30 écoles du Conseil scolaire catholique Providence.
Cancel culture
A l'initiative de Suzy Kies, autoproclamée "gardienne du savoir autochtone" et coprésidente de la Commission des peuples autochtones du Parti libéral du Canada depuis 2016 (le parti du Premier ministre Justin Trudeau), cette opération vise entre autres
Tintin en Amérique,
Les Esquimaux, trois albums de Lucky Luke, Laflèche (ironiquement auréolé du prix Tamarac, remis par l'Association des bibliothèques de l'Ontario),
Trafic chez les Hurons, deux biographies de Jacques Cartier,
L’affaire du collège indien, Astérix et les Indiens.
Suzy Kies reproche à ces ouvrages de sexualiser les femmes, de fausses représentations, de dénuder les torses, d'appropriation culturelle ou de manque de respect envers la culture, de langage non acceptable. Elle rejette tout lien avec l'acoolisme, et si le mot indien plutôt qu'amerindien est utilisé, le livre, selon elle, doit être banni.
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Même des auteurs autochtones ou de parents autochtones ont été envoyés au recyclage, à cause de l’usage de mots jugés inappropriés" explique le média. Le roman jeunesse
Hiver Indien, de Michel Noël a été écarté pour propos raciste et langage plus acceptable, domination des vlancs et esprit colonialiste. Un comble pour un auteur d'origine algonquine, ethnologue patenté qui a œuvré pour la défense et la mise en valeur de la culture autochtone, notamment dans les écoles.