Cinéma

Des femmes et des tragédies sur grand écran

Sidse Babett Knudsen dans "La fille de Brest" d'Emmanuelle Bercot - Photo Caramel Films

Des femmes et des tragédies sur grand écran

Dans les salles de cinéma cette semaine, un film sur un scandale sanitaire, une histoire vraie dans l'Allemagne nazie, un classique de la littérature française, un film animé décliné en livres et un document historique sur une catastrophe nucléaire.

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Par Vincy Thomas
Créé le 22.11.2016 à 20h13

Le 23 novembre, le cinéma se conjugue au féminin pluriel. La fille de Brest, Seul dans Berlin, Une vie, Louise en hiver et La supplication sortent en salles.

La fille de Brest, nouveau film d'Emmanuelle Bercot (Elle s'en va, La tête haute), retrace l'histoire autour du scandale sanitaire du médicament des laboratoires Servier, le Médiator. L'actrice danoise Sidse Babett Knudsen (la série "Borgen", L'Hermine, Inferno) incarne Irène Frachon qui a révélé l'impact mortel du médicament dans son livre Mediator 150 mg (Editions Dialogues). Le scénario est à la fois adapté du livre et inspiré de la vie de son auteure, tout en romançant certains aspects et lui donnant un aspect proche du thriller, à la manière d'un Erin Brockovitch. Il est à noter que quelques scènes se déroulent dans la librairie Dialogues de Brest et que le rôle de Charles Kermarec est interprété par Gustave Kervern (lire aussi Mediator : l'histoire du livre à l'origine du scandale).

Emmanuelle Bercot avoue quelle n'a pas vu l'évidence d'un film en lisant le livre. C'est après avoir rencontré Irène Frachon qu'elle a accepté la commande des producteurs. La fille de Brest a nécessité quatre ans d'écriture. Tout le film est construit du point de vue de la pneumologue bretonne, tout en décryptant les liens entre hôpitaux, laboratoires de recherche, entreprises pharmacologiques et institutions de la santé. "Adapter un livre et adapter une histoire vraie sont deux choses différentes" nous confie la réalisatrice. "Il faut être loyal et on ne peut pas trahir les gens. Cela n'empêche pas de créer du cinéma, de la tension, du romanesque." 
 
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Seul dans Berlin, en compétition au dernier festival de Berlin, est l'adaptation du roman éponyme de Hans Fallada (Denoël en version intégrale chez Folio). Vincent Perez s'est passionné pour ce livre allemand, l'un des premiers parus après la guerre et ouvertement antinazi. Il aura cependant fallu attendre le XXIe siècle pour qu'il devienne un best-seller international, lorsqu'il a été abrégé et traduit en anglais. Seul dans Berlin est inspiré de l'histoire vraie d'un couple modeste de la capitale allemande, qui après avoir appris le décès de leur fils unique sur le Front, en 1940, organise une résistance passive en plaçant des messages antinazis un peu partout dans Berlin. Interprétés par Emma Thompson et Brendan Gleeson, Anna et Otto Quangel ont su déjouer pendant un certain temps la Gestapo. 
 
 

Trois autres films sortent en salles. Une vie, de Spéhane Brizé, qui était en compétition à Venise, est l'adaptation du premier roman de Guy de Maupassant avec Judith Chemla dans le rôle de Jeanne Le Perthuis, jeune épouse rapidement désillusionnée par un mari radin, brutal et infidèle. Ce classique de la littérature est disponible chez Flammarion, à l'Ecole des loisirs, chez Hatier, Librio ou encore en Folio. Ce roman avait déjà été transposé au cinéma en 1958 par Alexandre Astruc.

Si le dessin animé Louise en hiver n'est pas une adaptation, le film de Jean-François Laguionie fait l'objet d'une novellisation parue le 10 novembre aux éditions de l'Œil. Par ailleurs, l'actrice Dominique Frot, qui prête sa voix à Louise, publie au sein de sa collection "La voix du papier" aux éditions Delatour, deux nouveaux recueils de nouvelles du réalisateur, La statue de la Liberté et Le prof. de mime. Louise est une vieille dame qui doit affronter la solitude et peut-être la mort dans une station balnéaire vide après avoir manqué le dernier train. 

Enfin, le docu-fiction de Pol Crutchen La supplication revient à Tchernobyl où témoignent scientifiques, enseignants, journalistes, familles sur la catastrophe et ses conséquences. Pol Crutchen a eu l'idée du film en regardant Svetlana Alexievitch parler de son livre dans une émission de Michel Field. Il a adapté fidèlement la prose et la colère sourde de l'écrivaine tout en coupant des passages par contrainte de temps. J'ai lu vient de rééditer en poche le livre La supplication: Tchernobyl, chroniques du monde après l'apocalypse, publié initialement chez Lattès.

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