"En nous adressant aujourd’hui à l’Etat, à la métropole, à la ville de Lyon (qui soutiennent la Villa dans cette tempête) et surtout à la région elle-même, nous voulons croire que des solutions seront trouvées pour sortir de cette crise, écrivent-elles. (...) S'il faut réinventer le fonctionnement de la Villa Gillet (...) nul doute que toute l'équipe y est prête ; mais ne détruisons pas ce qui s'est imposé, pour les spectateurs comme pour les intervenants, comme un lieu de mise en commun des intelligences et d'ouverture à la difficulté de penser les choses".
Le texte est notamment signé par les éditrices Françoise Nyssen et Dominique Bourgois, respectivement P-DG d'Actes Sud et de Christian Bourgois éditeur, les écrivains Russel Banks, Pascal Bruckner, Javier Cercas, Erri de Luca, Danny Laferrière, Catherine Millet, Lydie Salvayre, Boualem Sansal et Chantal Thomas, les journalistes Laure Adler et Augustin Trapenard, l'anthropologue Bruno Latour, le philosophe Souleymane Bachir Diagne et l'historien Patrick Boucheron.
La suppression du festival Mode d'emploi
Cette mobilisation en faveur de la Villa Gillet intervient alors que cette dernière traverse une zone de turbulences après que l'Etat et la région Auvergne-Rhône-Alpes ont décidé, à la mi-mai, de réduire drastiquement les subventions qui la financent à 94 %. En cause, un rapport de la chambre régionale des comptes, rendu public en mars dernier, qui épingle la gouvernance de l'association, dirigée par Guy Walter, pointant plusieurs irrégularités de gestion.
Si les traditionnelles Assises internationales du roman ont pu se tenir du 23 au 29 mai, le festival Mode d'emploi porté, lui aussi, par la Villa Gillet fait les frais de ces coupes budgétaires. "Ce festival des idées disparaît après quatre éditions au succès croissant qui avaient vu chaque année en novembre plus de 12 000 personnes assister à deux semaines de rencontres avec des philosophes, spécialistes des sciences humaines et sociales (...) C'était une manifestation unique en son genre, à laquelle beaucoup d'entre nous ont eu le bonheur de participer", détaille le collectif, qui se désole de disparition d'une initiative qui contribuait "à nourrir le débat public".
Le prétexte du rapport de la chambre régionale des comptes
Au-delà de ce festival, les signataires s'inquiètent pour l'avenir de l'institution culturelle. “L’existence même de la Villa parait menacée: on prévoit le licenciement d'un grand nombre de ses 16 salariés (...)" La tribune n'évacue pas la question de la gestion de la Villa Gillet mais s'indigne de la façon dont les pouvoirs publics y ont répondu. "Osons le dire, la nécessité de ne plus gaspiller l'argent public, à laquelle nous souscrivons sans embarras, a ici bon dos", dénoncent les auteurs qui se déclarent "consternés" par ceux qui utilisent le rapport de la chambre régionale des comptes comme "prétexte" pour dénigrer le travail de l'institution. "Face au feu des populismes et des dogmatismes qui brûle l'Europe et ses valeurs, l'attitude de ceux qui souhaitent l'affaiblissement voire la disparition d'un lieu de culture cosmopolite (...) n'est même plus celle d'un pompier pyromane, mais bel et bien d'un incendiaire", mettent en garde les signataires.
Avant la parution de cette tribune, une pétition de soutien avait été lancée, le 11 mai, par l'équipe de la Villa Gillet. Elle a pour l'heure recueilli plus de 4700 signatures.