1er roman/France 3 oct. Clément Rossi

Que peut-il arriver de pire à quelqu'un qui a tout donné à la musique, que de ne plus être capable de l'entendre ? Ou plutôt de l'entendre mais fausse à vous vriller la tête. C'est le cauchemar que vit brutalement le narrateur en panique du premier roman de Clément Rossi, un chef de 60 ans qui s'apprête à diriger Tristan et Isolde de Wagner dans le théâtre d'une ville de province dont il conduit depuis vingt ans l'orchestre.

La dissonante décrit la chute d'un maestro qui « n'entend plus les bonnes notes ». Ce n'est pas un problème de rythme mais de distorsion, une question d'harmonie qui « fondait comme du plastique sous une flamme ». « Transposé dans un langage non musical, on pourrait parler par exemple de l'oubli total du sens d'un mot », analyse notre musicien à l'oreille cassée qui voit se désaccorder toutes ses relations au monde, et vaciller jusqu'à la certitude d'avoir ce don sur laquelle il a bâti sa vie.

Moins qu'à l'élucidation de ce dérèglement, c'est à ses manifestations et à ses conséquences que s'attache ce roman qui nous fait pénétrer dans les subtilités d'une oreille musicale. On n'est pas surpris d'apprendre que Clément Rossi est musicien. En dépit de ses 29 ans, le jeune romancier dirige sa partition avec une grande maîtrise.

Clément Rossi
La dissonante
Gallimard
Tirage: 4 000 ex.
Prix: 18 euros ; 240 p.
ISBN: 9782072863684
26.09 2019

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