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Dewey : indexer le XXIe siècle

Classification décimale Dewey et Index. Conçue par Melvil Dewey. 23e édition. Asted, 2015. 4 volumes. ISBN : 978-2-923563-41-1. 448,37 euros. - Photo Olivier Dion

Dewey : indexer le XXIe siècle

Disponible en France depuis le 15 octobre, la 23e édition de la classification Dewey propose une version révisée en profondeur afin de mieux refléter le monde contemporain. Un outil toujours aussi indispensable, cent trente-cinq ans après sa création.

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Par Véronique Heurtematte
Créé le 30.10.2015 à 01h05 ,
Mis à jour le 30.10.2015 à 11h23

Très attendue des utilisateurs francophones, la nouvelle version française de la classification décimale Dewey (CDD) est disponible depuis le 15 octobre en France, où elle est distribuée par Electre, la société éditrice de Livres Hebdo. Fruit d’un travail de longue haleine, cette traduction, basée sur l’édition imprimée américaine de 2011, a été menée conjointement par les bibliothèques nationales du Canada, du Québec et de France, sous l’égide de l’Association pour l’avancement des sciences et des techniques de la documentation (Asted), qui en assure la publication.

L’enjeu de cette révision, qui a mobilisé des professionnels américains, canadiens et français pendant deux ans, était de permettre à la Dewey de s’adapter au XXIe siècle et d’être un outil au service de la francophonie, écrit dans "une seule langue, mais celle de chacun". Pendant ces deux ans, les experts, chapeautés côté français par Patricia Bellec, coordinatrice générale de l’indexation Dewey à la Bibliothèque nationale de France, ont mené la chasse aux anglicismes, aux québécismes et aux termes obsolètes, au cours de débats parfois très âpres. Le terme "fournaise", par exemple, utilisé par les Québécois, n’a pas été retenu dans la liste des instruments de chauffage. De même, "industrial relations" a été traduit par "relations du travail" et non par l’expression canadienne "relations industrielles", ambiguë pour les Français. On ne trouvera pas non plus de "trempettes", dans la version française, pour traduire le terme anglais "dips", qui a été maintenu entre parenthèses. Lorsque, malgré les discussions, un désaccord demeurait, les experts trouvaient des compromis en enrichissant les index, c’est-à-dire en jouant sur la distinction entre les formes retenues et les formes renvoyées.

Un outil multiple

A l’arrivée, ce document de plus de 4 000 pages en 4 volumes, pour un poids total de 6,7 kilos, constitue, pour qui accepte de s’y plonger, une réflexion passionnante sur l’état des connaissances du monde contemporain et un support intellectuel pour le décrire toujours aussi indispensable. "La structure numérique de la CDD constitue un puissant levier d’interopérabilité, explique Gildas Illien, directeur du département de l’Information bibliographique et numérique à la Bibliothèque nationale de France. Quelle que soit la langue, tout le monde utilise un même indice numérique pour un même concept. D’une certaine manière, les différentes traductions de la Dewey sont de gigantesques projets d’alignement entre tous les domaines linguistiques."

De plus en plus, la Dewey est utilisée non plus seulement comme plan de classement, mais également pour indexer les documents ou pour développer les collections. Elle est aussi, malgré ses quelque 135 ans, un outil adapté à la structuration des documents sur le Web. "A l’heure où les bibliothèques sont engagées dans une transition bibliographique et souhaitent apporter leurs référentiels à la construction du Web de données, il est très stimulant de pouvoir compter sur un tel outil", se félicite Gildas Illien.

Cette édition a fait l’objet d’un soin d’autant plus important que ce sera la dernière version imprimée en langue française, ce qui renforce son rôle d’outil de référence. La Dewey ne sera ensuite disponible que dans son édition en ligne. Une raison de plus de ne pas passer à côté.

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