Pour la troisième année consécutive, le Centre national du livre (CNL) organisait le jeudi 21 novembre son dîner des primo-romanciers. « Lorsque je travaillais sur le cinéma, j’ai assisté au dîner des révélations des Césars où de jeunes réalisateurs rencontrent des réalisateurs qu’ils aiment, explique Régine Hatchondo, la présidente du CNL. Et j’ai eu envie de reprendre ce principe, d’autant que la littérature est une pratique plus solitaire que le cinéma, qui se fait en équipe. »
Comme l’an passé, le dîner au CNL était précédé d’un cocktail à la Librairie 7L – créée par Karl Lagerfeld dont c’était également le studio photo – et reprise depuis son décès par la Maison Chanel. « Chanel était partenaire du dîner des révélations, et j’en ai donc parlé à Laurence Delamare, qui dirige la librairie 7L, qui a dit oui tout de suite », se souvient Régine Hatchondo.
« Notre équipe est très jeune et heureuse d’accueillir un événement tourné vers les jeunes auteurs, s’enthousiasme de son côté Laurence Delamare. J’aime que se créent du lien, des amitiés autour de la littérature. Avec le CNL, nous sommes voisins : pour moi, il était évident que l’on devait y travailler ensemble. »
En présence de Rachida Dati
Le cocktail s’est déroulé en présence de la ministre de la Culture Rachida Dati, qui dans son discours a défendu les services publics et un État fort. Parlant de sanctuariser le budget de la culture et de préserver le pass Culture cher aux professionnels du livre, elle a précisé qu’elle souhaitait « l’adapter pour augmenter son accessibilité ». Et a rappelé au passage qu’en tant que maire du VIIe arrondissement de la capitale, elle avait eu la chance de connaître le lieu qui nous accueillait à l’époque du couturier.
Dans l’assistance on remarquait aussi Charlotte Casiraghi, présente à plus d’un titre puisque ambassadrice de la Maison Chanel mais également cofondatrice des Rencontres philosophiques de Monaco… Où elle a notamment reçu la médiatique philosophe Claire Marin, venue avec son éditrice Maxime Catroux (Flammarion), comme marraine de Sébastien Dulude. L’auteur d'Amiante (La Peuplade), le premier roman le plus plébiscité par les libraires qui ont participé au Palmarès de la rentrée littéraire de Livres Hebdo (en partenariat avec Xerfi).
« Après un automne très chargé. Quoi de mieux qu’une fête pour mieux connaître le milieu littéraire parisien » (Sébastien Dulude)
« C’est bien positif, j’espère que ça me catapulte un peu plus loin, s’est réjoui le romancier québécois. Je parle de l’enfance, d’une génération, du rapport avec un territoire, ça touche aussi en France. » Pour lui, le choix de Claire Marin comme marraine était une évidence : « Sa manière d’aborder la question du corps, des sensations, des émotions, me parle. » Ajoutant : « Après un automne très chargé. Quoi de mieux qu’une fête pour mieux connaître le milieu littéraire parisien. »
Frédéric Martin, l’éditeur du Tripode qui accompagnait Paolo Bellomo, auteur de Faïel et les histoires du monde, parle d’un « accueil qui sort les auteurs de l’isolement. J’aime cette idée de parrainage, c’est très beau ». Constat partagé par Marion Mazauric, la fondatrice des éditions Au Diable Vauvert : « Nous sommes un éditeur qui suit ses auteurs, du coup on ne publie pas tant que ça de premiers romans, moins d’un par an. Nous le faisons quand ça paraît nécessaire et c’est le cas avec Fragile/s de Frédéric Martin, marrainé par Chloé Delaume. »
Signalons également une performance musicale de Catastrophe, le groupe de la romancière Blandine Rinkel, qui a commencé par une énumération pleine de clins d’œil aux grands noms de la littérature et s’est finie sur une version alanguie de Small Town Boy de Bronski Beat. Le jeune homosexuel quittant sa ville d’origine était présenté comme une métaphore du jeune écrivain qui prend son envol.
Menu concocté par Mory Sacko
À l’Hôtel d’Avejan, siège du CNL, le dîner était concocté par la star des fourneaux Mory Sacko. Et l’on notait la présence de la romancière Anne Berest, de la journaliste et écrivaine Claire Chazal, de l'éditrice Marion Glénat (Glénat), de la réalisatrice Valérie Donzelli, de l’éditrice Karina Hocine (Gallimard) ou de l’agent François Samuelson. Alexandra Charroin-Spangenberg, la nouvelle présidente du Syndicat de la librairie française était également présente. Pour donner un écho grand public à l'événement, Madame Figaro, représentée par le journaliste et écrivain Joseph Ghosn, en était partenaire.
Citons encore, Louise Bentkowski (Constellucination, Verdier) accompagnée de Claire Fercak (Une existence sans précédent, Verticales) ; et Alice Develey (Tombée du ciel, L’Iconoclaste) accompagnée de la Prix Goncourt 2022 et jurée du prix Femina Brigitte Giraud.
Ou, à notre table, Marie Kelbert, autrice de Le Buzuk (Viviane Hamy) qui nous confiait « avoir écrit depuis trente-cinq ans avant d’envoyer ce premier roman. » Elle était accompagnée de son éditrice Lise Chasteloux, et de la romancière Carole Martinez. Mais aussi Antoine Caro (Seghers), éditeur de l’année Livres Hebdo 2024, et Olivier Cohen (Les éditions de l’Olivier) avec lesquels nous avons échanger sur Proust, Marc Lévy, Sophie Marceau, Kamel Daoud ou Cormac McCarthy… Tous les écrivains étant, finalement, les primo-romanciers des saisons précédentes.